CSM : surveiller et anticiper
L'été dernier, une série de tests de « carbonatation » a été réalisée sur plusieurs points stratégiques du Centre de stockage de la Manche (CSM). Objectifs : contrôler le bon fonctionnement des installations et prévenir leur évolution dans le temps… Explications.
Le CSM est le premier centre de stockage de déchets radioactifs au monde à être entré en phase de fermeture. Une des tâches importantes pour les équipes consiste à suivre et à anticiper les impacts du temps sur les infrastructures du site. En effet, toute une série de contrôles et d’aménagements sont nécessaires pour envisager le passage du centre en phase de surveillance d’ici une cinquantaine d’années.
Vérifier et entretenir les infrastructures du site
Comme le précise Florence Espiet, responsable du service Études-Travaux-Projets du CSM, « il s’agit de regarder comment les installations évoluent, si elles assurent bien leur rôle, et de suivre en parallèle l’impact environnemental du site ». Quand c’est nécessaire, des travaux de génie civil sont effectués, notamment au niveau de plusieurs infrastructures stratégiques pour la surveillance des installations : les murs de la galerie souterraine (1) qui comporte le collecteur des eaux en provenance des ouvrages de stockage et le bâtiment technique (appelé « bâtiment des bassins » (2)) où une partie des eaux du site sont récupérées et contrôlée.
Tous les 5 ans, des inspections sont réalisées pour programmer les interventions et vérifier les travaux effectués. Un « processus continu, comme pour l’entretien d’une maison », souligne Florence Espiet.
Des tests pour contrôler l’altération du béton
Les tests de carbonatation sont une des principales techniques utilisées pour mesurer l’état des infrastructures, construites en béton, et anticiper leur altération au fil du temps (voir les points du site concernés ci-dessous).
Qu’est-ce que la carbonatation ? Florence Espiet nous l’explique : « En vieillissant, le béton subit des modifications chimiques en profondeur. Les structures métalliques finissent par être atteintes par la corrosion. Même si le phénomène est en général extrêmement lent, on vérifie ce qu’il en est pour chaque ouvrage. L’objectif est de s’assurer que la sécurité sera garantie durant toute la phase de fermeture. Les derniers tests réalisés en août ont donné d’excellents résultats. »
Améliorer et pérenniser la couverture
Dispositif majeur de protection des colis de déchets sur le long terme, la couverture fait également l’objet d’une surveillance rigoureuse. Depuis sa mise en place dans les années 1990, des études sont effectuées sur la couverture pour observer son évolution dans le temps (mesures des eaux d’infiltration, relevés topographiques, prélèvements d’échantillons de membrane bitumineuse, tests de vieillissement accéléré).
Les murs de soutènement (3) qui préviennent d’éventuels glissements du massif sont vérifiés et entretenus. Ce suivi régulier et différentes études permettent d’évaluer si de nouvelles interventions sont utiles et d’envisager, le cas échéant, les évolutions nécessaires en se basant sur les retours d’expérience. Objectif : aboutir à une couverture plus robuste, capable de conserver ses performances sur plusieurs centaines d’années. « Nous avons déposé un dossier à l’Autorité de sûreté nucléaire pour présenter la couverture pérenne telle que nous la concevons », indique Florence Espiet. « Le centre ne pourra clôturer la phase de fermeture qu’une fois ces aménagements validés. »
Préparer le centre à une nouvelle phase
Après sa phase actuelle dite « de démantèlement-fermeture », le CSM entrera dans une phase dite « de surveillance ». Aujourd’hui envisagée d’ici quelques décennies, elle sera actée par l’Autorité de sûreté nucléaire, sur la base d’un dossier de demande d’autorisation de fermeture et de passage en phase de surveillance, et durerait au moins 300 ans. L’objectif de cette phase sera de préparer le site vers de moins en moins d’intervention humaine.