Dans les coulisses des centres industriels de l’Andra
En tant qu’exploitant nucléaire en charge d’installations de stockage de déchets radioactifs, l’Andra a la responsabilité de protéger aussi bien les riverains, le public que les travailleurs. Comment cela se traduit-il sur le terrain ? Zoom sur les centres de l’Aube.
Le conditionnement et le stockage des colis de déchets radioactifs peuvent générer des risques liés aux rayonnements ionisants. Ces activités sont ainsi fortement encadrées par des exigences réglementaires. « Une partie importante de notre travail consiste à nous tenir constamment informés des évolutions de la réglementation, confie ainsi Philippe Valentin, ingénieur en radioprotection de l’Andra dans l’Aube. Deux pôles de compétences en radioprotection sont constitués, un en lien avec les travailleurs et les installations qui relève globalement des dispositions du Code du travail, tandis que le second concerne l’environnement et la population et relève globalement du Code de la santé publique. »
Cette organisation, dont les modalités sont prévues par arrêté, est spécifique aux installations nucléaires de base (INB), comme le Centre de stockage de l’Aube (CSA). Dans les installations classées pour la protection de l’environnement (ICPE), telles que le Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires), cette même fonction est assurée par des conseillers en radioprotection.
Dans les deux cas, leurs missions sont les mêmes. Au titre de la protection des travailleurs et des installations, il s’agit notamment du conseil pour l’aménagement des lieux de travail et le suivi de l’exposition des travailleurs, de la définition des zones délimitées et de leurs conditions d’accès, ainsi que l’évaluation des risques, la mise en œuvre de mesures de prévention et de protection et l’analyse d’événements significatifs. Pour ce qui a trait à l’environnement et à la population générale, les équipes de l’Andra participent à la définition du programme de surveillance radiologique de l’environnement, aux modalités de gestion des déchets radioactifs, ou encore à la réception et au contrôle des sources de rayonnement.
Des risques concrets et maîtrisés
À regarder les chiffres [voir ci-dessous], les mesures de prévention sont efficaces : dans les centres de l’Andra dans l’Aube et dans la Manche, les travailleurs les plus exposés aux rayonnements ionisants présentent une dose équivalente annuelle maîtrisée et faible, bien en dessous des limites imposées par la réglementation. Les expositions externe et surtout interne font en effet l’objet d’une attention particulière.
« En ce qui concerne les risques d’exposition externe, sa maîtrise repose sur le principe "temps, distance, écrans", raconte Philippe Valentin. D’une part à l’aide de protections collectives intégrées en conception dans nos installations (verre au plomb des cabines des ponts de stockage, blindage d’équipements, spécifications des colis, etc.) et, d’autre part, via nos méthodes de travail. En ce qui concerne l’exposition interne, ce risque n’est présent que dans certaines situations, lorsque le déchet n’est plus confiné dans son colis (compactage des fûts 200 litres, carottage de colis, etc.). La protection collective repose par ailleurs sur un confinement statique (murs) en lien avec un confinement dynamique (ventilation). Des équipements de protection individuelle sont également associés. Cela va de la combinaison en coton au scaphandre complet, associé à un appareil de protection des voies respiratoires. »
Enfin, le personnel de l’Andra n’est pas le seul concerné par ces mesures de prévention. « Même si, d’un point de vue réglementaire, la radioprotection de nos sous-traitants et prestataires relève de la responsabilité de leurs employeurs, en tant qu’exploitants nous les assistons en évaluant les risques avec eux et nous élaborons ensemble un plan de prévention avant le démarrage de toute prestation », détaille l’expert de l’Andra.