Recycler des kilomètres de câbles électriques : la solution Orcade
Les câbles électriques représentent environ 3 % des déchets de très faible activité issus du démantèlement des installations nucléaires. Et pourtant, leur partie interne en cuivre ou en aluminium n’a jamais été en contact avec la radioactivité. Le projet innovant Orcade propose une solution pour pouvoir extraire les matières valorisables et les recycler en toute sécurité.
Pour contribuer à la réduction du volume des déchets radioactifs de très faible activité (TFA), plusieurs solutions techniques innovantes sont aujourd’hui à l’étude. « Elles doivent prendre en compte une réglementation très stricte, explique Robert Mandoki, chef de projet à l’Andra et correspondant du projet Orcade. En France, les déchets issus de zones nucléaires ne doivent jamais sortir du milieu nucléaire : un déchet tel qu’un câble électrique dans un bureau ou un couloir de passage issu de l’une de ces zones est considéré comme un déchet radioactif, même s’il n’a subi aucune contamination. Sous certaines conditions, des dérogations sont néanmoins possibles, mais il faut développer de solides arguments de démonstration, et pas uniquement des mesures de taux de radioactivité à comparer à des valeurs seuils de radioactivité. » Des arguments qu’entendent bien apporter les partenaires du projet Orcade, qui proposent une solution afin de recycler la partie métallique des câbles électriques.
Un robot « dénudeur »
Inovertis et MTB, les deux entreprises à l’origine du projet Orcade ont décidé d’associer leurs savoir-faire pour inventer une machine qui dénude les câbles et sépare la gaine de la partie métallique interne. Le CEA, troisième partenaire du projet, a pour sa part étudié les gisements de câbles et le transfert des éléments radioactifs pour démontrer que ces derniers restaient bien en surface des câbles. Ainsi, après dénudage, la gaine serait traitée comme un déchet TFA, qu’elle soit très faiblement ou pas radioactive, tandis que les fils métalliques pourraient alors être recyclés dans le circuit industriel conventionnel. « De tels procédés existent déjà, note Alain Viand, directeur d’Inovertis et coordinateur du projet Orcade. L’innovation consiste ici à s’assurer qu’il n’y a aucun contact ni poussière qui circule entre les parties externe et interne du câble lors du traitement. Cela passe par une orientation spécifique des lames de coupe au dénudage et par des systèmes d’aspiration, le tout dans une enceinte totalement étanche. »
Ne pas gaspiller les ressources naturelles
Une première maquette de dénudage a été réalisée et testée avec des câbles conventionnels. Aujourd’hui, un prototype complet grandeur nature est en cours de fabrication. « Il faudra ensuite le tester, réaliser tous les réglages et monter le dossier de demande d’autorisation étayé pour justifier et démontrer à l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), de façon fiable et robuste, que les câbles dénudés par la machine peuvent faire l’objet d’un déclassement au sens règlementaire du terme. De plus, avant que la machine ne soit effectivement autorisée et utilisée sur un site en démantèlement, la décision de l'ASN est soumise à participation du public selon les modalités réglementaires », complète Robert Mandoki.
Si elle est autorisée, cette machine permettra de préserver les capacités de stockage dédiées aux déchets TFA, mais surtout, en recyclant la partie métallique des câbles électriques, d’éviter de gaspiller les ressources naturelles que sont le cuivre et l’aluminium, tout en les valorisant. « Nous savons que le démantèlement d’une centrale génère plusieurs milliers de tonnes de câbles. Nous allons désormais commencer les études technico-économiques, au niveau national et international, pour nous assurer de la viabilité économique de notre projet », conclut Alain Viand.
28 projets innovants pour la gestion des déchets de démantèlement
Orcade est l’un des 28 lauréats de l’appel à projets innovants lancé par l’Andra pour l’optimisation de la gestion des déchets radioactifs issus du démantèlement des installations nucléaires, en coopération avec l’Agence Nationale de la Recherche (ANR),et dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir.