Témoignage de Patrick Landais sur la disparition de Georges Charpak
Cet automne, la science a perdu un de ses grands vulgarisateurs avec la disparition de Georges Charpak. Patrick Landais, directeur scientifique de l’Andra, a souhaité lui rendre hommage.
Georges Charpak proposait un autre visage de la science, étonnamment populaire (notamment au travers de la Main à la pâte), émulateur de vocations et pourfendeur de dogmes. Il n’était pas un théoricien, il construisait, expérimentait, bricolait, créait à l’écart de règles parfois stérilisantes de l’évaluation scientifique.
Profitant de son statut de Nobel (1992), il a également été un chercheur engagé, confrontant avec habilité les fondements de la science aux choix politiques tout en en faisant un vrai élément de débat et de décision. Par exemple, en prenant conscience que “le nucléaire est médiatiquement vulnérable” ou en postulant que “la bombe est le pêché originel du nucléaire civil”, Georges Charpak s’est lancé courageusement dans la défense du nucléaire civil tout en fustigeant la course aux armements nucléaires. À coups de comparaisons didactiques, il a démonté les superstitions, combattu les mythes et les idées reçues dans un remarquable souci de transparence et d’éducation scientifique. Ses livres attestent de cette envie permanente d’expliquer et de convaincre, de revenir aux fondamentaux pour mieux passionner le novice et in fine de redonner à la connaissance scientifique une noblesse que l’expertise brouillonne lui a parfois fait perdre.