Baromètre IRSN 2024 : la perception des Français sur les déchets radioactifs
Début octobre 2024, l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié son baromètre annuel sur la perception des risques et de la sécurité par les Français. Il présente les évolutions de cette perception selon quatre grands axes : les préoccupations actuelles des Français, leur regard sur la science et l'expertise, leur perception des situations à risque et leur opinion sur l'énergie nucléaire et la sûreté. La perception des déchets radioactifs et leur gestion est évaluée à plusieurs reprises. Le point sur quelques résultats.
Toutes les images utilisées dans cet article sont issues du baromètre IRSN et la propriété de ©IRSN
Méthodologie
L’édition 2024 du Baromètre IRSN présente les résultats de l’enquête annuelle réalisée sur internet du 22 au 30 novembre 2023 par la société Harris Interactive. Au total, 2 021 personnes âgées de 18 ans et plus ont répondu au questionnaire. La représentativité de l’échantillon a été assurée par la méthode des quotas (genre, âge et CSP de l’interviewé) après stratification par région et taille d’agglomération.
La perception des risques par les Français
Question - Dans chacun des domaines suivants, considérez-vous que les risques pour les Français en général sont… ?
Novembre 2023 (en %)
Évolution des résultats - 1997-2023 (en %)
L’analyse de l’IRSN
Extrait du document d’analyse du baromètre 2024
Pour la quatrième année consécutive, les risques associés à l’industrie chimique sont perçus par les Français comme plus élevés que ceux associés à l’industrie nucléaire. Les déchets chimiques (56 %, −2 points) en 11e position arrivent en tête des risques industriels, suivis par les installations chimiques (47 %, −1 point) en 13e position, les déchets radioactifs (44 %, −2 points) en 15e position et les centrales nucléaires (36 %, −3 points) en 16e position. Entre 1997 et 2019 cet écart entre le niveau moyen de risque associé à l’industrie chimique (54 % en moyenne pour les déchets et l’installation) et nucléaire (52 %) était moindre. Depuis 2020, le niveau moyen de risque associé à l’industrie nucléaire (43 %) est significativement plus bas que celui associé à l’industrie chimique (53 %).
Question - Et estimez-vous probable ou non que chacun des domaines suivants représente un danger pour la santé humaine ?
Novembre 2023 (en %)
La confiance accordée par les Français aux autorités pour les protéger
Question - Avez-vous confiance dans les autorités françaises pour leurs actions de protection des personnes dans les domaines suivants ?
Novembre 2023 (en %)
Évolution des résultats - 1997-2023 (en %)
L’analyse de l’IRSN
Extrait du document d’analyse du baromètre 2024
Cette année, une proportion plus importante des Français exprime leur confiance dans la gestion des risques industriels par les autorités : le taux de confiance moyen (pour les centrales nucléaires, les installations chimiques, et les déchets chimiques et radioactifs) augmente de 7 points, passant ainsi de 27 % en 2022 à 34 %.
La confiance dans la gestion des centrales nucléaires (42 %) progresse significativement (+7 points), se démarquant nettement du niveau moyen établi depuis 1997 (31 %). Parallèlement, la confiance pour les déchets radioactifs (32 %) connaît une hausse similaire (+7 points), atteignant son deuxième niveau le plus élevé depuis le début de l’historique (après 36 % en 2019), et dépassant le niveau moyen (23 %). Enfin, les installations chimiques (32%) et les déchets chimiques (28 %) enregistrent des hausses respectives de 7 et 6 points.
L’acceptation de vivre près de zones à risque
Question - Accepteriez-vous de vivre près…
Novembre 2023 (en %)
Évolution des résultats - 1990-2023 (en %)
L’analyse de l’IRSN
Extrait du document d’analyse du baromètre 2024
En 2023, l’acceptation de vivre près d’une zone à risque demeure très limitée (18 %, −1 point par rapport à 2022).
Les centrales nucléaires, en 5e position, représentent le deuxième type d’installations industrielles le plus accepté par les Français (22 %, +2 points). Cependant, les sites de stockage de déchets radioactifs, en 10e position, sont significativement moins acceptés par les Français (10 %, +2 points). Ces résultats font échos aux différences de perception des risques relevées précédemment entre les installations et les déchets.
En comparaison, les installations chimiques en 11e position (9 %, +1 point) et les sites de stockage de déchets chimiques en 12e position (8 %, +1 point) sont nettement moins acceptés par les Français. La comparaison du taux d’acceptation entre les installations nucléaires et chimiques permet une nouvelle fois de constater une différence de perception entre ces deux types d’industrie.
L’opinion des Français sur la gestion des déchets radioactifs
Question - Voici un certain nombre de propositions relatives aux installations nucléaires. Veuillez indiquer selon l’échelle suivante si vous êtes d’accord ou non.
Évolution des résultats 1983-2023 (en %)
Question - Pour régler le problème du stockage des déchets radioactifs, quelle position vous semble la plus raisonnable ?
Évolution des résultats 1983-2023 (en %)
Question - Avez-vous entendu parler de chacun des sujets suivants :
Évolution des résultats 1983-2023 (en %)
L’analyse de l’IRSN
Extrait du document d’analyse du baromètre 2024
La confiance des Français dans les capacités actuelles de stockage des déchets radioactifs continue de s’améliorer cette année : 35 % (+2 points) des répondants estiment qu’il est désormais possible de stocker ces déchets « de façon sûre », atteignant ainsi le score le plus haut depuis le début de l’historique (1983).
Concernant l’amélioration de cette capacité de stockage, le niveau de connaissance du projet « Cigéo » (de stockage de déchets radioactifs à Bure) ne cesse de diminuer depuis 2019. Cette année, plus de six répondants sur dix (62 %, +3 points par rapport à 2022) affirment n’avoir jamais entendu parler du projet « Cigéo » alors qu’ils n’étaient que 46 % à le déclarer en 2019. Néanmoins, près de sept Français sur dix (68 %) continuent à prôner la rapidité dans la prise de décision concernant la capacité de stockage des déchets, et dans la mise en œuvre, tandis que 26 % (+1 point par rapport à 2022) souhaitent « prolonger de 10 ans les recherches » et 5 % aimeraient « laisser le choix aux générations futures » (−1 point).
La compétence et la crédibilité des intervenants du nucléaire
Question - Dans le domaine de l’industrie et de l’énergie nucléaire, pensez‑vous que les intervenants et les organismes suivants sont techniquement compétents ?
Question - Dans le domaine de l’industrie et de l’énergie nucléaire, pensez‑vous que les intervenants et les organismes suivants sont des sources d’information de confiance ?
Novembre 2023 (en %)
L’analyse de l’IRSN
Extrait du document d’analyse du baromètre 2024
Depuis 1993, le CNRS est l’organisme jugé le plus compétent (75 % de réponses « oui » en 2023) et le plus crédible (68 %, −1 point par rapport à 2022) dans le domaine de l’énergie et de l’industrie nucléaire.
Il est suivi par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN ; 72 %, −1 point ; 64 %, −1 point) et l’IRSN (70 %, −2 points ; 62 %, −2 points), chargés du contrôle de la sûreté des installations nucléaires. Il est à noter que près d’un tiers des répondants (32 %) ont entendu parler du projet de fusion de l’ASN et de l’IRSN.
Viennent ensuite le CEA (67 %, −2 points ; 61 %, −1 point), l’ANDRA (65 % ; 56 %, −1 point) et le Haut comité pour la transparence et l’information sur la sécurité nucléaire (HCTISN ; 62 %, −2 points ; 60 %, +1 point).