Coup de pouce pour le réaménagement du Ravin du génie
En Meuse, au cœur de la forêt d’Argonne, le Ravin du génie et ses nombreux vestiges fournissent un témoignage unique sur la vie quotidienne des soldats durant la Grande Guerre. Une étude est en cours afin de réaménager et valoriser ce site patrimonial exceptionnel, un projet parrainé par l’Andra.
Comme en témoignent les installations militaires d’époque, très bien conservées, le Ravin du génie, situé à 1,5 kilomètre seulement de la ligne de front, servit de base arrière à l’armée française durant les quatre ans du conflit1. Lieu de mémoire et de visites touristiques depuis les années 1980, le site est niché au cœur de la forêt domaniale de Lachalade, dans un secteur ravagé qui fut reboisé avec des épicéas après la guerre. En 2018, une violente attaque de scolytes2 décima les futaies d’épicéas, qui furent abattues. Cette année, une étude vient d’être lancée pour réaliser un reboisement paysager de ce site à haute valeur patrimoniale. Sollicitée par l’association Argonne Meuse Patrimoine, l’Andra soutient cette étude dans le cadre de ses parrainages, consacrés à des projets locaux en faveur notamment de la découverte et de la protection de l’environnement, de la transmission de la mémoire et de la sauvegarde du patrimoine.
1 En 1914-1918, ce ravin dit à l’origine « des sept fontaines » était situé dans une zone militaire stratégique entre le front de Champagne et la place fortifiée de Verdun. Il fut rebaptisé « ravin du génie » par les soldats français.
2 Ces insectes xylophages (qui se nourrissent de bois) causent de grands ravages aux forêts en raison de l’aggravation de la sécheresse climatique.
La vie des « poilus » comme si vous y étiez
Le génie militaire français exploita cette vallée encaissée – ce ravin – d’environ un kilomètre de long. Il l’aménagea pour le stockage du matériel et des munitions, la préparation des offensives sur le front de la Haute Chevauchée et y installa un camp de repos où les combattants reprenaient des forces et étaient soignés. Comme l’explique Jean-Paul Amat, professeur émérite de géographie à Sorbonne Université Lettres et administrateur de l’association Argonne Meuse Patrimoine, « pendant quatre ans, plus de 1 500 personnes ont vécu sur ce site où accueil des soldats et organisation des combats étaient associés. Les cuisines, les réservoirs d’eau, l’abri pour les médecins, la chapelle… nous laissent parfaitement imaginer leur quotidien et la réalité d’une guerre de position. Sur le plan militaire, c’est un des exemples les mieux conservés d’aménagement sur l’ensemble du front français. »
Un nouveau projet qui associe patrimoine et écologie
Aujourd’hui, la destruction des futaies d’épicéas, dont le couvert assurait la protection du site, est envisagée comme une opportunité pour le réaménager. L’enjeu : préserver et mettre en valeur ce patrimoine mémoriel en conciliant gestion forestière, accueil du public, conservation des vestiges et adaptation de la forêt au changement climatique. « C’est tout l’objet de l’étude en cours », précise Jean-Paul Amat. « L’atelier Paysage de la direction régionale de l’Office national des forêts (ONF) du Grand Est va nous présenter ses propositions. Les vestiges les plus intéressants pourraient par exemple être mis en valeur par de petits enclos de végétation basse, avec des cheminements paysagers pour les relier, une couverture arborescente recréée. » Au-delà de la réflexion paysagère, le projet valorisera aussi le site à travers la recherche forestière, une démarche soutenue par l’Andra.
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