Fonderie du Val d’Osne : renaissance du patrimoine local
La rénovation de l’ancienne fonderie du Val d’Osne, en Haute-Marne, est achevée. Ce chantier emblématique engagé par l’Andra et soutenu par l’État, la Région Grand Est et la Fondation du patrimoine-Mission Stéphane Bern, illustre l’engagement fort de l’Agence en faveur de la sauvegarde du patrimoine local et de la préservation de la biodiversité.
Fondée en 1836 pour fabriquer du mobilier urbain et de la fonte décorative, la société du Val d’Osne est rapidement devenue l’un des plus importants sites de production de fonte d’art en France. Elle participa ainsi à de nombreuses expositions universelles, dont celle de Londres au Crystal Palace qui lui offrit une consécration internationale.
Plusieurs de ses créations sont encore visibles à travers le monde, telle que la fontaine de Tourny au Québec ou celle ornant Prince's Square à Launceston en Australie. À Paris, le panneau « Métro » à l’entrée de la station Saint-Paul est l’un des rares candélabres ornés de fer forgé Val d’Osne encore visible. Son activité cessera en 1986 après un siècle et demi d’existence.
Malgré l’inscription en 1993 d’une partie du site à l’Inventaire des monuments historiques, il est pillé et laissé à l’abandon par son ancien propriétaire. « C’était un véritable crève-cœur de voir se dégrader un tel joyau à la fois historique, patrimonial et hautement symbolique, souligne Anthony Kœnig, délégué départemental de la Fondation du patrimoine, partenaire de l’opération. C’est intéressant qu’un acteur industriel contemporain s’approprie un héritage industriel comme l’Andra. Et le résultat est à la hauteur de notre ambition commune : allier harmonieusement le beau et le fonctionnel dans l’ancien. »
Un long travail de préparation
Retour en arrière... Dans le cadre de sa démarche d’acquisition foncière, l’Andra achète en 2014 la forêt de Baudray y compris l’ancienne fonderie du Val d’Osne et décide de la restaurer pour partie. « Lorsque nous l’avons récupérée, les abords étaient envahis par une végétation dense, les bâtiments quasiment inaccessibles, se souvient Laurence Richard en charge de la supervision des travaux pour l’Andra. Nous avons constitué un dossier auprès des services de l’État et de l’Architecte des bâtiments de France afin de mener à bien sa réhabilitation. Nous étions tenus par une triple contrainte patrimoniale, environnementale, et de sauvegarde de la biodiversité. »
Le permis de construire est obtenu en 2018, entre-temps le parc et le bâti associés ont été rétrocédés. L’année suivante, une première dépollution permet d’évacuer des milliers de tonnes de gravats. « Puis en 2020, nous avons finalisé les études et le processus de sélection des entreprises avant un démarrage du chantier de réhabilitation début 2021. »
Entre patrimoine et biodiversité
À l’issue de la destruction des bâtiments très endommagés et non inscrits au titre du patrimoine (anciens logements ouvriers et longère), puis de la mise en sécurité et du désamiantage de ceux conservés (haut-fourneau, la centrale électrique et le pavillon où étaient installés les anciens bureaux), les corps de métier spécialisés sont entrés en scène pour la restauration proprement dite. Tailleurs de pierre, charpentiers, couvreurs… tous orfèvres en leur domaine et pour certains issus de la formation renommée des Compagnons du devoir. Les pierres du haut-fourneau ont ainsi été intégralement inventoriées et numérotées avant le démontage complet de l’ouvrage. Celles qui pouvaient être conservées ont été remises en place et de nouvelles ont été taillées sur place.
Autre particularité de ce chantier : habitent sur place plusieurs espèces animales protégées ce qui a nécessité la constitution d’un dossier auprès de la Préfecture de HauteMarne pour pouvoir intervenir. Des chauves-souris, chouettes effraies, tritons palmés et autres lézards des murailles y avaient en effet établi leurs quartiers depuis de longues années.
Sous la supervision d’un écologue, les plannings de travaux ont été adaptés et des aménagements spécifiques réalisés. Deux caves ont été réservées pour les chauves-souris ainsi que des gîtes sous les toitures du haut-fourneau et de certains étages du pavillon et de la centrale électrique. Un autre espace sous le toit de la centrale électrique a vocation à abriter la chouette effraie. Une mare accueille les tritons palmés. Enfin, trois hibernaculums – abri artificiel constitué de terre, pierres et de bois – servent de refuge aux lézards des murailles durant leur phase d’hibernation.
L’exploitation future du site est encore au cœur de réflexions. Le site sera prochainement cédé à la commune d’Osne-le-Val, qui décidera de son avenir. Vocation muséale, lieu de rencontres, espace de loisirs... plusieurs options sont sur la table. Le site accueillera pour la première fois des visiteurs lors des prochaines Journées européennes du patrimoine en septembre 2023.
Un site ouvert au public ?
Le site accueillera pour la première fois des visiteurs lors des prochaines Journées européennes du patrimoine en septembre 2023