Romuald Gougelet, indispensable touche à tout
Faire une soudure ou du béton, nettoyer des galeries souterraines ou veiller à la sécurité d'un groupe de visiteurs, faire de la surveillance ou organiser un chargement de matériel… Romuald Gougelet accomplit de multiples tâches au Laboratoire souterrain de l’Andra en Meuse/Haute-Marne. En tant qu’ « opérateur de conduite centralisé, carreau et fond », il nous dévoile les dessous du Labo et de son métier.
Pour Romuald Gougelet, travailler à l’Andra, c’est avoir des défis au quotidien. Avec lui, les journées sont à la fois très rodées, pleines d'imprévus et surtout bien remplies. Son atout ? La polyvalence, car il peut aussi bien assurer le chargement ou le déchargement de la cage qui transporte le matériel de la surface vers le Laboratoire souterrain, que rester au poste de conduite centralisé pour surveiller à distance les opérations menées dans les galeries souterraines.
Entre petits travaux et sécurité…
Mais ce qu'il préfère, c'est être au fond, à 500 mètres sous terre, avec son équipe. « Nous travaillons en équipes de sept à huit personnes qui peuvent se remplacer les unes les autres. » Toutes sortes de travaux sont à mener pour assurer la parfaite sécurité des prestataires et des équipes de l'Andra. « Il peut arriver, comme sur tout ouvrage, que du béton projeté qui recouvre l'intérieur de certaines galeries se fissure un peu par endroits. Rien de dangereux, mais il faut prévenir le risque. Dans ce cas, nous effectuons une maintenance de premier niveau, en ôtant la zone où le béton projeté est abîmé au moyen d’un petit brise roche hydraulique, et nous remettons à la place un béton projeté neuf. » Romuald Gougelet réalise également des petites soudures, un type d’opération très réglementé. « Je donne les autorisations aux entreprises qui interviennent dans le Laboratoire. Chaque opération est précisément décrite : heure, durée, lieu… car seuls six permis de feu (opérations par points chauds de type soudure, découpe de métaux…[NDLR]) en simultané sont autorisés par tranche de 24 heures. »
Afin d’assurer la sécurité et le bon déroulement des travaux et des expérimentations, le Laboratoire souterrain doit également être régulièrement rangé et nettoyé. Romuald Gougelet se charge ainsi de faire respecter le balisage pour les zones de stockage du matériel et de faire nettoyer le sol avec une balayeuse. « Les vendredis soir, nous procédons aussi à un soufflage complet des galeries en envoyant un débit d’air important pour évacuer les poussières déposées sur les parois des galeries par le puits auxiliaire (puits de retour d’air vers la surface [NDLR]). »
À l'interface entre les prestataires, les scientifiques et les visiteurs, Romuald Gougelet s'assure que tout se passe bien et que chacun peut mener ses missions dans les meilleures conditions. « Je prête une grande attention à la sécurité : je vérifie que les téléphones rouges* fonctionnent, que chacun est bien équipé de son système de géolocalisation souterrain, que les barrières sont en place autour des zones de travaux, que les néons ne clignotent pas… ».
Travaillant en 3x8, il fait partie des premiers agents de service qui descendent au Laboratoire à chaque relève d'équipe. En tant qu'équipier d’évacuation, il est toujours prêt à intervenir si une sirène venait à se déclencher afin de rassembler les personnes présentes et les guider vers les niches de secours. « Ici, c'est toujours la sécurité qui prime. Même si chaque jour nous avons un programme de petits travaux à effectuer, nous effectuons régulièrement des rondes et nous nous tenons prêts à chaque instant à interrompre nos travaux en cas de besoin. »
Une rencontre fructueuse
Voilà près de dix ans que Romuald Gougelet a rejoint l'Andra, après 21 ans dans la menuiserie où il était chef d'équipe. Excellent bricoleur, ayant rénové lui-même sa maison, c'est un enfant du pays, originaire de Chatonrupt en Haute-Marne. « Quand l'usine où je travaillais a fermé, j'étais très content de trouver ce poste, qui correspondait bien à mon profil de touche à tout. J’ai été formé aux travaux en sécurité, j'ai également passé mes certificats d'aptitude à la conduite de différents engins. »
Même s’il admet facilement qu’il ne connaissait rien à l’Andra ou aux enjeux liés aux déchets radioactifs à son arrivée, Romuald Gougelet s’est rapidement adapté à son nouvel environnement de travail et a apprivoisé le sujet de la gestion des déchets. Une expérience qui lui a notamment permis de conseiller à son fils de poursuivre ses études dans la radioprotection et de trouver rapidement un emploi.
Si ce n’est pas banal de travailler à 500 mètres sous terre, cela fait désormais partie de son quotidien. Loin de le déranger, il est davantage peiné par les restrictions sanitaires qui l’obligent à parfois se retrouver seul... pour le café. « Travailler en équipe dans une bonne ambiance, avoir des missions variées, être impliqué dans les projets, ne pas être sous la pression du rendement, disposer du bon matériel… » Voilà ce qui compte vraiment pour Romuald Gougelet.
(*) Moyen de communication relié à la surface, utilisé seulement en cas d’accident.