Un essai grandeur nature sur le dispositif de drainage des eaux
A la demande de l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'Andra a mené un essai grandeur nature sur le dispositif de drainage des eaux du Centre de stockage de l'Aube (CSA). Objectif : maîtriser le comportement de la nappe phréatique afin de s'assurer que le centre n'aura pas d'impact sur l'environnement, même après sa fermeture. Pourquoi ce test et en quoi a-t-il consisté ? Les explications d'Albert Marchiol, géologue et chef de projet à l'Andra.
Dans environ 50 ans, une fois l'exploitation du centre de stockage terminée, ce dernier entrera dans une phase de surveillance pendant 300 ans (cette durée correspond à la décroissance de la radioactivité des déchets, NDLR). Comment s'assurer de la sûreté du centre à de telles échéances de temps ? L'une des réponses : en recréant aujourd'hui, les conditions dans lesquelles il se trouvera, une fois définitivement fermé. C'est tout l'enjeu de l'essai grandeur nature, mené sur le système de drainage des eaux souterraines du CSA en septembre et octobre 2018.
Anticiper la phase de surveillance
Dans le cadre de la surveillance de l'environnement, l'Andra suit attentivement l'état et le comportement des nappes d'eau situées sous, et à proximité du centre. Le site est également équipé, depuis sa création, d'un dispositif de drainage des eaux : "Il permet notamment d'évacuer une partie des eaux souterraines et ainsi, de stabiliser le niveau de la nappe phréatique", explique Albert Marchiol. Parallèlement, les ingénieurs de l'Andra ont conçu un "modèle hydrodynamique" de cette nappe phréatique (cf. définition en encadré) grâce auquel il est possible de prévoir son niveau et ses mouvements en fonction des pluies. Un modèle, dont la conception, s'appuie en partie sur le fonctionnement du dispositif de drainage actuel. "L'ensemble de ce système de surveillance des eaux est conçu pour la phase d'exploitation du centre. Mais dans environ 50 ans, lorsque le centre passera en phase de surveillance et que les ouvrages seront recouverts d'une couverture étanche qui assurera la quasi imperméabilité des sols, ces drains seront amenés à être supprimés." L'Andra a donc prévu de les reboucher et de concevoir un modèle hydrodynamique qui n'en tient plus compte pour la phase de surveillance.
Expérimenter le réel
"Pour nous assurer qu'il soit techniquement possible de le faire, l'Andra a réalisé un essai de rebouchage sur une tranchée drainante", poursuit Albert Marchiol. Objectif de ce chantier : tester au réel les techniques qui pourront être utilisées dans quelques dizaines d'années. "Nous avons choisi de mettre en œuvre une technique inédite pour reboucher un drain situé à plus de 6 mètres de profondeur : un forage de grande dimension avec la création d'un écran étanche à base de coulis de bentonite (argile, NDLR) et ciment." A l'issue d'un chantier qui aura duré deux mois, cet essai grandeur nature s'est avéré concluant : "un piézomètre* situé à proximité du drain a enregistré une remontée d'eau importante validant ainsi que la tranchée drainante n'est plus opérationnelle". Des mesures se poursuivront pour valider sur le long terme la performance de cette technique. L'expérimentation et l'ensemble des résultats obtenus alimenteront la mise à jour du dossier de réexamen de sûreté du centre de stockage et la conception du modèle hydrodynamique de la phase de surveillance.
Qu'est-ce qu'un modèle hydrodynamique ?
Il s'agit d'une modélisation (représentation) informatique d'un élément dont la réalisation s'appuie sur des calculs mathématiques et des caractéristiques des terrains, in situ. Un modèle dit "hydrodynamique" permet d'étudier et de prévoir la dynamique (les mouvements) des niveaux des eaux souterraines en fonction de l'alimentation de la nappe (pluie, évaporation, ruissellement...)