10 manières innovantes de parler des déchets radioactifs
Comment susciter l’intérêt pour la gestion des déchets radioactifs ? Comment faire en sorte qu’un maximum de citoyens se saisissent de cette question et en débattent ? Pas simple… et pourtant primordial. Retour sur 10 initiatives innovantes de l’Andra pour créer le lien entre la société civile et le sujet des déchets radioactifs.
> Panorama des 10 actions à retrouver en bas de l'article
Les déchets radioactifs : un sujet complexe, méconnu, tabou ? Avant tout, « un sujet de société majeur », rappelle Valérie Renauld, directrice de la communication et du dialogue avec la société à l’Andra. Citoyens d’aujourd’hui et de demain, l’usage de la radioactivité engage une responsabilité collective, puisque les déchets qui en sont issus, perdureront pour certains, des centaines de milliers d’années. « Il est donc fondamental que le plus grand nombre puisse accéder au sujet et l’appréhender pour en débattre ». Si le sujet intéresse le public, comme en témoignent les 15 000 à 20 000 visiteurs annuels des installations de l’Andra, il reste cependant « difficile à mettre en débat ». « Quand la question des déchets radioactifs n’est pas monopolisée par les débats pro ou anti-nucléaire, elle est le plus souvent l’apanage des scientifiques et autres spécialistes du sujet », souligne Valérie Renauld.
Elargir le dialogue…
En 2013, à l’issue du deuxième débat public sur le projet de centre de stockage géologique profond Cigéo, l’Andra a décidé de renforcer ses liens avec la société civile et de favoriser les échanges entre l’Agence, les experts, et le public. En 2015, elle a élargi sa démarche de dialogue à travers la mise en œuvre de partenariats inédits. Des think-tanks, des professionnels de la vulgarisation scientifique, des artistes, des youtubers, et surtout des jeunes, incarnation des générations futures, prennent aujourd’hui la parole sur les multiples dimensions que recouvre la gestion des déchets radioactifs : le temps, la mémoire, l’environnement, la science…
…Engager la participation
« Notre objectif est de proposer à de nouveaux acteurs ou de nouveaux médias de s’approprier le sujet pour qu’ils puissent donner leur point de vue, avec leur propre mode de pensée et d’expression », explique Valérie Renauld. Création d’un média numérique avec Usbek &Rica (Les Arpenteurs), concours de courts-métrages, appels à projets artistiques, créations d’œuvres théâtrales ou littéraires… à l’heure où les citoyens plébiscitent de nouvelles formes de participation aux sujets d’intérêt général, ces actions initiées par l’Andra contribuent à animer le débat.
Symbiose
Faire dialoguer l’art et les sciences
Que se passe-t-il quand on donne à un scientifique et un réalisateur la possibilité de réaliser un court-métrage en un temps très limité ? C’est l’objet du concours « Symbiose », une compétition de court métrage en 48h organisée dans le cadre du festival Pariscience, dont l’Andra est partenaire. Des binômes artiste / scientifique tirés au sort ont 48 heures pour réaliser une vidéo de quelques minutes sur un thème imposé. En 2017, Mathieu, doctorant Andra de l’université de La Rochelle, a participé à la compétition. C’est aux côtés de l’artiste-réalisatrice Clara Thomine qu’il a raconté son sujet de thèse à travers une visite, un peu particulière, du musée d’Orsay.
Du street art sur un ouvrage de stockage
Laisser libre court à la créativité des jeunes
En 2018, l’Andra a sollicité l’artiste Jean-Sébastien Godfrin, alias Argadol. Son défi : initier les étudiants de l’École supérieure de design (ESD), de l’Université de technologie (UTT) et de l’école d’ingénieurs de Troyes au street art avec comme support d’expression les ouvrages de stockage en béton du Centre de stockage de l’Aube (CSA). Après plusieurs sessions d’entrainement, les étudiants ont réalisé leurs premières œuvres grand format en métamorphosant deux pans d’un ouvrage de stockage à l’aide de collages, de pochoirs ou de simples pinceaux. Les thèmes abordés ? Les déchets radioactifs bien entendu, mais aussi la mémoire, le temps qui passe, la nature… Un projet d’art urbain qui s’est prolongé lors des journées portes ouvertes 2018, par la réalisation d’une œuvre monumentale signée Argadol.
https://www.youtube.com/watch?v=B576P3VnJOk
Concours audiovisuel « Regards sur les déchets radioactifs »
Avoir le regard des jeunes cinéastes
Chaque année, l’Andra organise un concours de courts-métrages ouvert à tous les jeunes passionnés de cinéma et de sciences : « Regards sur les déchets radioactifs ». Objectif : permettre aux apprentis réalisateurs de cinéma de mettre en scène leur point de vue sur la gestion des déchets radioactifs afin d’ouvrir le dialogue avec le plus grand nombre et en particulier les plus jeunes. Sélectionné par un jury composé de professionnels du monde scientifique, audiovisuel et journalistique, le film du lauréat, est diffusé au festival Pariscience, dont l’Andra est partenaire.
En 2018, c’est « Et Après », d’Antoine Rodriguez, qui a remporté le premier prix. Avant lui d’autres courts-métrages comme « La solution radiochat » ou « Pierre et le tigre » ont été récompensés.
La « causerie » de David Wahl
Provoquer la discussion
Théâtre ? Philosophie ? Littérature ? Difficile de classer l’éclectique David Wahl, tout comme les sujets qu’il aborde. « Tout part du désir que j’ai de raconter des histoires vraies », explique l’auteur. Deux ans après « La Visite curieuse et secrète et L’Histoire spirituelle de la danse, David Wahl a édité et interprété en 2017 sa nouvelle causerie : « Le Sale Discours ou géographie des déchets pour tenter de distinguer au mieux ce qui est propre de ce qui ne l’est pas ». En immersion notamment à l’Andra et à l’institut Curie, l’artiste a puisé de cette nouvelle enquête un objet théâtral décalé et incisif : il nous interroge sur ce que nos déchets révèlent de notre rapport au monde, à l’énergie, à la technologie…
davidwahl.fr/le-sale-discours/
Les youtubers
Porter le débat sur le web
Si, dans leurs vidéos, l’humour n’est jamais bien loin, certains youtubeurs n’hésitent pas à se frotter à des sujets sérieux. L’Andra a invité trois d’entre eux – Simon Puech, Dave Sheik et ANONIMAL – à venir découvrir ses installations dans l’Aube et en Meuse/Haute-Marne. Cette visite était l’opportunité de découvrir au plus près le travail de l’Agence et d’aborder ainsi de manière documentée la question de la gestion des déchets radioactifs. Résultats : les vidéos réalisées par les youtubers ont fait le « buzz » et suscité des milliers d’échanges entre eux et leurs communautés, mais également avec l’Andra.
Facebook live
Ouvrir le dialogue sur les réseaux
Afin d’impliquer le jeune public sur le sujet de la gestion des déchets radioactifs, l’Andra mobilise les nouvelles technologies. Une collaboration avec la start-up voxe.org a récemment été mise en place. Leur spécialité ? Développer des nouvelles formes de démocratie numérique. Un débat sur Cigéo avec notamment des salariés de l’Andra et des opposants au projet a ainsi été diffusés via Facebook Live en novembre 2017. Les internautes avaient la possibilité d’interagir en direct avec les différents protagonistes.
Devoir de mémoire
Construire une œuvre collective
En octobre 2017, le groupe Mémoire du Centre de l’Andra en Meuse/Haute-Marne a sollicité l’artiste Olivier Terral (lauréat 2016 de l’appel à projets Art et Mémoire), pour participer à la réalisation d’une œuvre collective sur la conservation et la transmission de la mémoire du projet de centre de stockage géologique profond Cigéo. Avec l’aide de 90 bénévoles et le concours d’un doctorant de l’Andra en sémiotique (science des signes), Florian Blanquer, il a créé « Devoir de mémoire », une œuvre qui rassemble dans un même tableau les empreintes de tous les participants pour former un symbole final, et qui comporte au recto un message destiné aux générations futures.
Les capsules mémorielles
Se souvenir d’aujourd’hui
« Inscrire l’enfance et la jeunesse dans la mémoire de l’humanité », voilà l’ambition que s’était fixé le Centre pour l’Unesco Louis Francois de Troyes à sa création, en 1978. Soutenu par l’Andra depuis de nombreuses années, le Centre a multiplié les actions artistiques autour de cet enjeu de mémoire et de conservation. En 2017, un nouveau projet pédagogique a vu le jour : la conception de « capsules mémorielles » avec les élèves des classes de CE1 et CE2 des écoles de Soulaines – Dhuys et Vendeuvre, riveraines du Centre de stockage de l’Aube. Comment conserver les traces de notre époque pour les transmettre aux générations futures ? Une question qui fait sens au regard de la problématique de l’Andra de préservation de la mémoire des centres de stockage de déchets radioactifs. Pour y répondre, les enfants ont été invités à choisir des objets du quotidien, témoins de leur époque. Capsules de café, lunettes de vue, hand spinner… forment le contenu hétéroclite de ces étonnantes créations, réalisée avec l’artiste plasticienne Céline Charpot. Elles seront conservées aux Archives départementales de l’Aube pendant 10 ans… puis ouvertes par les petits artistes en herbe, devenus de jeunes adultes.
Dessine ta thèse
Rendre accessible la science
Créée il y a plus de deux ans, la chaîne YouTube de vulgarisation scientifique WeAreScience propose une rubrique innovante : Dessine ta thèse. On y découvre de manière pédagogique les travaux de jeunes doctorants, sous forme de dessins filmés et accompagnés d’une voix off. Intéressée par ce nouveau mode d’expression, l’Andra a travaillé avec WeAreScience en 2017 pour que Mathieu, doctorant de l’Agence depuis 2017, voie sa thèse mise à l’honneur dans un épisode. Son sujet d’étude : la corrosion de l’acier des conteneurs de stockage de déchets de haute activité (HA) dans le futur centre de stockage géologique Cigéo.
https://www.youtube.com/watch?v=LKS1R8GBdnw&t=9s
Sciencetips
Apprendre en s’amusant
L’Andra s’est associée au lancement de Sciencetips, une newsletter accessible gratuitement et développée par la société Artips. Objectif : démocratiser l’accès à la culture scientifique de manière simple et ludique. Chaque semaine, les abonnés de Sciencetips reçoivent par e-mail deux histoires scientifiques originales, rédigées et validées par des spécialistes. Ces newsletters sont enrichies d’illustrations, de vidéos et/ou d’animations. Depuis octobre 2017, plusieurs newsletters en partenariat avec l’Andra ont été publiées : sur la découverte de la radioactivité artificielle, l’invention du traceur radioactif, le projet Cigéo ou encore la mémoire.
En bonus...
Découvrez également 480 mètres sous terre, une BD numérique sur les déchets radioactifs.