Instruction des options de sûreté de Cigéo
Les options retenues pour Cigéo, en matière de sûreté et de radioprotection, ont été soumises à l’avis d’experts nationaux et internationaux lors d’une instruction menée par l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Retour sur un an et demi de procédure et sur ses principaux enseignements avec Christophe Kassiotis, directeur des déchets à l’ASN, et Soraya Thabet, directrice en charge de la sûreté à l’Andra.
« Le projet a atteint globalement une maturité technique satisfaisante au stade du dossier d’options de sûreté », peut-on lire dans le projet d’avis de l’ASN sur le dossier d’options de sûreté (DOS) de Cigéo remis en avril 2016 par l’Andra. « Le DOS était bien détaillé », confirme Christophe Kassiotis, à la tête de la direction des déchets, des installations de recherche et du cycle de l’ASN et en charge de cette instruction.
De nombreux points ont été jugés satisfaisants, comme la connaissance du site et sa pertinence pour une telle installation ou encore la caractérisation des colis, des matériaux, du ciment… au cours du temps.
« Cette instruction permet à l’Andra de connaître notre avis sur tous ces points, et donc de savoir d’ores et déjà qu’ils seront validés lors de la demande d’autorisation de création (DAC). En revanche, nous avons listé quelques éléments non abordés dans ce DOS et vis-à-vis desquels nous ne pouvons donc pas nous prononcer. »
Les points à approfondir
Différentes remarques ont ainsi été formulées. « Nous aimerions disposer d’un arbitrage clair des avantages et des inconvénients en termes de sûreté de certaines options relatives à l’architecture ; d’une présentation des critères et méthodes d’analyse du comportement de Cigéo en cas de séisme, d’incendie ou d’inondation ; d’un détail des paramètres de surveillance de l’installation et de la gestion d’une situation post-accidentelle », liste Christophe Kassiotis.
Autant de recommandations dont l’Andra tiendra compte dans les études qui seront menées d’ici la demande d’autorisation de création et pour lesquelles des engagements ont d’ores et déjà été pris.
Une réserve sur les déchets bitumeux
Au final, l’ASN ne formule qu’une seule réserve : les déchets bitumineux et leur comportement en cas d’incendie. Cette demande n’a pas surpris l’Andra. « La problématique n’est pas nouvelle, confirme Soraya Thabet, directrice sûreté, environnement et stratégie filière de l’Andra : les colis bitumineux, entreposés à la Hague et à Marcoule, ont déjà fait l’objet d’études par l’Andra, le CEA, EDF et Areva. »
Les travaux seront poursuivis selon deux voies : la recherche de possibilités de prétraitement de ces colis ou une évolution de la conception du stockage pour les accueillir en toute sûreté. « L’Agence ne stockera que des colis compatibles avec la sûreté. Si c’est nécessaire, les déchets bitumineux resteront en entreposage le temps de trouver une solution adaptée, mais ce n’est pas bloquant pour le projet », précise Soraya Thabet.
Une feuille de route pour l'Andra
Au bout du compte, au cours de l’instruction, les experts de l’Andra auront répondu à plus de 600 questions de l’Institut de radio- protection et de sûreté nucléaire (IRSN), appui technique de l’ASN pour l’instruction. Ils ont également participé à une trentaine de réunions techniques et/ou avec des représentants de la société civile.
« Le travail mené et les échanges techniques ont permis d’aller au fond des choses. Les conclusions de l’IRSN et de l’ASN nous confortent sur un grand nombre de sujets, ce qui va dans le sens de l’avis positif qu’avaient rendu des experts internationaux en décembre 2016. Des compléments sont évidemment nécessaires, et nous prendrons en compte l’ensemble des demandes et recommandations de l’ASN. Cela constitue notre feuille de route d’ici la demande d’autorisation de création », souligne Soraya Thabet.
Les étapes d'une instruction robuste et complète
L’instruction du dossier d’options de sûreté (DOS) de Cigéo par l’ASN marquait son entrée dans le processus réglementaire, en vue de l’instruction de la future demande d’autorisation de création.
« Nous avons souhaité une instruction robuste et complète, explique Christophe Kassiotis, et sollicité plusieurs avis : celui de spécialistes internationaux qui, via l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), ont remis leurs conclusions le 15 novembre 2016 ; celui de l’IRSN, qui a instruit le dossier et publié un rapport d’avis mi-2017 ; et, enfin, celui de deux groupes permanents d’experts de l’ASN, composés d’universitaires, de spécialistes de la sûreté, d’anciens exploitants ou producteurs de déchets et de représentants de la société civile, qui ont rendu leur avis durant l’été 2017. »
Sur la base de ces trois avis, l’ASN a mis en ligne son projet d’avis pour consultation publique jusqu’en septembre 2017, « afin de clarifier, si besoin, certains points du futur avis, au regard des commentaires reçus en lien avec la sûreté ».