Aller au contenu principal

L’environnement du futur stockage profond observé à la loupe

Dans le cadre du projet de création du Centre industriel de stockage géologique Cigéo qu’elle mène en Meuse/Haute-Marne pour accueillir les déchets radioactifs issus notamment du retraitement des combustibles usés, l’Andra a mis en place depuis 2007 un “Observatoire pérenne de l’environnement” (OPE). Objectif : établir un “état des lieux” de l’environnement aux alentours du futur stockage et surveiller son évolution pendant toute la durée de son exploitation. Zoom sur ce dispositif unique en France.

 

 

Patrick Landais, directeur Recherche et Développement

L’Andra réalise déjà quantité de mesures environnementales autour de ses sites. Quelle est alors la spécificité de l’OPE ? “Dans le cadre de Cigéo, explique Patrick Landais, directeur Recherche & Développement, nous avons décidé de saisir l’opportunité de la préparation du suivi environnemental du centre de stockage, dont la durée d’exploitation sera d’une centaine d’années, pour réfléchir à la mise en place d’un véritable observatoire de l’environnement.” En d’autres termes : un suivi exceptionnel, pour un projet exceptionnel.

 

Une exigence réglementaire et industrielle…

Le premier objectif est d’établir un état de référence de l’environnement avant même de commencer les travaux. “Ce bilan environnemental participera à la localisation des installations de surface”, précise Patrick Landais. Ensuite, cet observatoire a pour but de mieux comprendre les mécanismes environnementaux, pour surveiller l’évolution des écosystèmes pendant toute la durée d’exploitation de Cigéo et mettre en œuvre si nécessaire des mesures compensatoires.

 

… mais aussi une opportunité scientifique

"La recherche environnementale est un des axes scientifiques identifiés par l’État dans sa Stratégie nationale de recherche et d’innovation, qui pointe notamment la nécessité de disposer de chroniques d’observation sur le long terme, souligne Patrick Landais. Très peu de projets permettent de l’assurer. Avec Cigéo, nous allons devoir le faire. Alors, autant en faire plus, et mettre en place un observatoire qui permettra non seulement d’acquérir des données sur une longue période, mais aussi sur toutes les composantes de l’environnement : les sols, la flore, la faune, l’air, l’eau… Il sera aussi l’occasion de s’intéresser aux différentes pressions subies par l’environnement, au niveau local (impact d’une implantation industrielle), régional (évolution des paysages et des pratiques agricoles) ou global (conséquence du changement climatique)."

 

Sonde de la station de suivi des eaux de surface.

Une intégration dans les réseaux nationaux et internationaux

"Ce choix implique que l’Andra soit capable d’attirer des spécialistes dans tous les domaines et que notre dispositif s’intègre dans les réseaux nationaux et internationaux existants, afin que les données récoltées par l’OPE soient valorisables par d’autres", poursuit Patrick Landais. Gage de qualité, l’OPE fait aujourd’hui partie d’une dizaine de réseaux (ICOS, RADOME Météo-France, AIRLOR, FORET, Vigie Nature…), et a été labellisé Système d’observation et d’expérimentation au long terme pour la recherche en environnement (SOERE). Une vraie reconnaissance scientifique, fruit de l’implication de l’ensemble de l’équipe mobilisée sur le projet à l’Andra. Un investissement financier également : 3,5 M e en 2010/2011, dont 2,5 M de subvention Grenelle.

 

Un ancrage local

Outre la communauté scientifique, l’OPE a convaincu les riverains – propriétaires, maires, gestionnaires, associations… – de l’intérêt de participer à cet observatoire. "Ce lien avec les acteurs locaux est un élément incontournable du dispositif. D’abord parce que c’est grâce à eux que nous pourrons développer une connaissance historique du territoire. Aussi parce que nous avons besoin de leur accord pour prélever les échantillons, installer des stations de mesures…"

 

 

L’écothèque, véritable bibliothèque de l’environnement

Depuis deux ans, l’Andra récolte et conserve, en association avec l’université de Pau, des échantillons d’eau, de sols, de végétaux et d’animaux. Objectif : garder une trace de l’environnement d’aujourd’hui pour être capable de l’analyser demain, avec des méthodes qui seront peut-être plus sensibles, ou pour y rechercher des éléments que nous ne jugeons pas utile de regarder aujourd’hui. Ces échantillons provenant de 43 matrices issues de la chaîne alimentaire agricole locale (lait, fromage, maïs, légumes, fruits…), des écosystèmes forestiers (mousse, champignons, lichen, gibier…) et aquatiques (eau, poissons, moules…) seront conservés dès 2013 dans un bâtiment de 1 400 m2 unique en France pour lequel l’Andra vient d’obtenir le permis de construire sur la commune de Bure (55).