Projet Cigeo : l’avis des riverains nourrit la concertation
Plus de 1000 habitants de Meuse/Haute-Marne ont pu s’exprimer sur le projet Cigéo et les évolutions possibles dans leur vie quotidienne et sur le territoire à l’occasion d’une campagne d’information de porte-à-porte menée par l’Andra en juin dernier. Un recueil d’avis très précieux ! Car les interrogations et les préoccupations des personnes directement concernées par Cigéo sont autant d’enseignements qui viendront nourrir les prochaines concertations autour du projet.
Du 24 au 29 juin dernier, les dix enquêteurs du cabinet eXplain, partenaire de l’Andra pour cette opération, ont arpenté 56 communes dans un rayon de 50 kilomètres autour du Centre de l’Andra en Meuse/ Haute-Marne. Premier enseignement de ces échanges : la perception des habitants rencontrés vis-à-vis de Cigéo n’a globalement pas évolué par rapport à la précédente campagne menée en 2017 : 32 % des personnes interrogées y sont favorables, 24 % y sont défavorables et 32 % sont neutres ou indifférentes (12 % ne se sont pas prononcées). Parmi les cinq impacts les plus cités que Cigéo pourrait avoir sur le territoire, trois sont positifs : l’impact sur l’emploi, le dynamisme des deux départements et les retombées fiscales. En ce qui concerne les impacts potentiellement négatifs le plus souvent mentionnés, figurent les risques pour la santé ou encore les risques d’accidents. À ce stade d’avancement du projet, le déroulement du chantier ne suscite pas beaucoup de questions. Enfin, les formats plébiscités pour cette concertation sont les réunions publiques et les lettres d’information. Plusieurs riverains ont également exprimé le souhait de participer aux ateliers de concertation qui vont se poursuivre dans les mois qui viennent.
Cigeo : les questions des riverains, les réponses de l’andra
Sûreté, santé, information, emploi… Le projet Cigéo suscite des interrogations autour de thématiques qui sont régulièrement revenues au cours des échanges. Voici quelques-unes des questions posées par les habitants et les réponses que l’Andra peut d’ores et déjà y apporter.
L’INFORMATION ET LA COMMUNICATION
« Il faut expliquer clairement le projet aux habitants. »
Journées portes ouvertes en septembre, visites du Laboratoire souterrain, ateliers de concertation… L’Andra multiplie les initiatives pour informer, expliquer et dialoguer avec les riverains de ses centres. Plus de 11000 personnes ont ainsi été accueillies au Centre de Meuse/Haute-Marne en 2018. Aux supports traditionnels d’information que sont le Journal de l’Andra et les différents sites web, l’Agence a souhaité ajouter de nombreuses initiatives de dialogue innovantes, afin de toucher des publics nouveaux et de sensibiliser largement aux enjeux de la gestion des déchets radioactifs : échanges avec des artistes, concours de courts-métrages, causeries au théâtre, accueil de youtubers… Sur le site web de l’Andra, rappelons également qu’une rubrique dédiée, « l’espace dialogue », permet de poser des questions et de s’informer sur les actions de l’Andra en matière de concertation.
TERRITOIRE ET SANTÉ
« L’Andra achète les gens et les communes et fait taire les questions épineuses des citoyens qui s’inquiètent pour leur territoire et leur santé. »
Soucieuse de s’impliquer dans la vie des territoires où elle est implantée, l’Andra soutient chaque année, via sa démarche de parrainage, des initiatives locales. En 2018, elle a ainsi soutenu 139 projets locaux en Meuse et en Haute-Marne pour un montant d’environ 880 € par projet.
Quant aux deux groupements d’intérêts publics (GIP) – indépendants de l’Andra – créés dans le cadre du Laboratoire souterrain et du projet Cigéo, ils sont prévus par le code de l’environnement et sont la traduction d’une solidarité nationale vis-à-vis des départements qui ont accepté d’héberger sur leur territoire une activité d’intérêt général: un laboratoire souterrain en vue de l’implantation d’un stockage de déchets radioactifs. Soutien à la formation et à l’innovation, infrastructures routières, équipements scolaires ou culturels. Chaque année, les 30 millions d’euros versés par les producteurs de déchets à chaque GIP sont ainsi redistribués aux territoires pour soutenir des projets de développement.
Concernant les risques pour l’environnement et la santé, rappelons qu’il n’y a, aujourd’hui, aucun déchet radioactif en Meuse/Haute-Marne. L’Andra a mis en œuvre un observatoire pérenne de l’environnement (OPE) autour du futur centre de stockage afin d’étudier et de connaître en détail l’environnement local. Sur une surface de 900 km2, l’eau, l’air, les sols, la faune, la flore, les activités humaines et les relations qu’il peut y avoir entre eux font l’objet d’un suivi complet, dès maintenant avant l’implantation de Cigéo et pour une période de plus de 100 ans. Un suivi sanitaire de la population sera en outre mis en place indépendamment de l’Andra dès 2020 dans le cadre du projet de développement du territoire.
L’EMPLOI
« On dit que ça va booster la région, mais les ouvriers vont venir de Nancy ! »
La présence de l’Andra en Meuse/Haute-Marne génère déjà aujourd’hui 360 emplois directs (salariés de l’Agence et des entreprises prestataires permanentes sur le site) auxquels s’ajoutent 1800 emplois créés ou soutenus (commerces de proximité, services, établissements publics) dont une majorité est basée en Meuse et en Haute-Marne. L’Agence développe d’ores et déjà, dans le respect des règles de la commande publique, une politique d’achat local, qui passe notamment par des rencontres avec les entreprises du territoire, notamment les journées « Achetons local» organisées avec l’association Energic 52/55. Les commandes aux entreprises meusiennes et haut-marnaises ont ainsi représenté 14,7 millions d’euros en 2018. Une démarche que l’Agence entend bien poursuivre dans le cadre de Cigéo (s’il est autorisé), dont le chantier mobilisera au plus fort de son activité près de 2000 personnes et de l’ordre de 600 personnes pendant sa phase d’exploitation. Pour cela, plusieurs actions seront engagées dans le cadre du projet de développement du territoire dans le domaine de la formation afin de disposer localement des compétences nécessaires au projet.
LA SÛRETÉ À LONG TERME
« Ce n’est pas tant à court terme qu’à long terme que je me pose des questions… »
Certains déchets stockés dans Cigéo seront radioactifs pendant plusieurs centaines de milliers voire millions d’années. Difficile de se projeter aussi loin ! C’est pourquoi le premier pilier de la sûreté du stockage à long terme, c’est le milieu géologique. « Pour implanter le stockage, on a choisi une couche argileuse située à 500 mètres sous terre, ce qui permet d’isoler les déchets de tout ce qui pourrait se passer en surface. Cette couche est stable depuis 160 millions d’années et présente des propriétés très intéressantes pour confiner la radioactivité, comme cela a notamment été expérimenté grâce au Laboratoire souterrain », explique Sylvie Voinis, directrice adjointe de la sûreté à l’Andra. Si la plupart des éléments radioactifs resteront piégés au fond, ceux qui s’échapperont des colis vont circuler très lentement à travers la roche, de telle sorte qu’ils ne présenteront plus de danger une fois arrivés à la surface.
« Le deuxième pilier de la sûreté de Cigéo est le scellement du stockage. Une fois les déchets stockés, on ferme toutes les voies d’accès et on remblaie. De cette manière, on s’assure que les éléments radioactifs passeront majoritairement à travers la couche argileuse et non par les ouvrages », poursuit Sylvie Voinis.
Oui, mais si tout ne se passe pas comme prévu ? La démonstration de sûreté ne se contente pas de vérifier que tous les dispositifs prévus permettent de confiner la radioactivité. Elle étudie aussi ce qui se passe en cas de défaillance.
Et si le scellement ne marche pas ? Et si on a perturbé la couche d’argile ? Et si quelqu’un creuse un forage ?… « Autant de questions pour lesquelles on évalue les conséquences, à l’aide de la simulation numérique notamment. »