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Une communauté de recherche européenne sur les déchets radioactifs

Développer des connaissances scientifiques et techniques et structurer la recherche sur la gestion des déchets radioactifs à l’échelle européenne, c’est l’objectif du programme EURAD, piloté par l’Andra depuis 2019. La Commission européenne chargée de l‘évaluer à mi-parcours a confirmé sa pertinence et sa bonne gouvernance. 

Lancé en juin 2019 pour une durée de 5 ans, Eurad (European joint programme on radioactive waste management) marque la volonté de la Commission européenne de structurer une communauté scientifique autour de la gestion des déchets radioactifs. Un programme ambitieux, dont le budget s’élève à 60 M€ sur 5 ans, financé à 55% par la Commission européenne.

« L’objectif est de mieux partager les connaissances entre les pays les plus avancés en matière de gestion des déchets radioactifs, notamment sur le stockage, et ceux, moins avancés, qui ne sont pas encore aussi structurés pour les gérer, explique Louise Théodon, ingénieure recherche et innovation à l’Andra et coordinatrice du programme. Il s’agit d’éviter de financer des projets de recherche sur des sujets déjà traités par d’autres en se focalisant sur des sujets d’intérêt commun. » 

Favoriser le dialogue et la recherche de l’intérêt commun 

Aujourd’hui, EURAD rassemble 115 participants, dont 51 acteurs européens de la gestion des déchets radioactifs mandatés par leurs États (23 pays représentés), 3 partenaires internationaux (Australie, Canada, Japon), et une soixantaine d’organismes tiers. 

Workshop d’évaluation à mi-parcours du programme EURAD durant EURADWASTE’22.

Les partenaires du programme se répartissent en trois collèges : les organisations de gestion des déchets radioactifs (comme l’Andra en France), les organisations de support des instances de régulation (comme l’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire - IRSN) et les entités concernées par la recherche sur le sujet (le CNRS, le CEA, EDF, etc.). « Une des réussites d’EURAD c’est d’avoir amené ces différents collèges à travailler ensemble, souligne Louise Théodon. Dès le début, chaque groupe de travail devait être supporté par au moins 2 des 3 collèges pour être sélectionné. Une base de fonctionnement qui a incité au dialogue et à la meilleure compréhension des enjeux de chacun. »

Dix-sept groupes de travail ont ainsi été définis, sur des thématiques de recherche communes telles que les barrières ouvragées(1), les interactions en champ proche(2) des stockages de déchets radioactifs, la surveillance des installations, mais aussi le transfert de connaissances et des études stratégiques sur les incertitudes et les filières de gestion des déchets radioactifs. Une base de connaissances rassemble toute la documentation produite dans le cadre du programme. Elle s’implémente au fur et à mesure de l’avancée des projets et chaque participant peut aller y piocher les informations dont il a besoin. Le partage de connaissances se concrétise aussi par l’élaboration de formations et la mise en place d’activités de mobilité destinées à soutenir financièrement les professionnels (juniors et séniors) afin de visiter les infrastructures, d’entreprendre des stages ou des programmes d’échanges dans les institutions partenaires du programme EURAD. 

(1)Barrières naturelles et artificielles qui assurent l’isolement et le confinement à long terme des déchets radioactifs.
(2)Le champ proche est la partie d’une installation de stockage de déchets radioactifs qui peut être soumise à des perturbations thermiques, hydrauliques, mécaniques et chimiques, etc.
 

Un bilan très positif à mi-parcours

Évènement annuel n°2 du programme EURAD en 2022.

L’évaluation officielle menée le 30 mai dernier par la Commission européenne a été l’occasion de recueillir le retour des experts mandatés par l’institution et les États membres sur l’utilité du programme.

« Les résultats sont très positifs, se félicite Louise Théodon. Les évaluateurs ont souligné l’efficacité du management du programme, la transparence et la clarté du processus de gouvernance. Un bon point pour l’Andra, confortée dans son rôle de coordinateur ! Les thématiques ont été jugées pertinentes et les premiers résultats scientifiques obtenus tout à fait significatifs (voir encadré ci-dessous) ». Si bien que la Commission européenne a déjà lancé la procédure en vue du renouvellement du programme après 2024.  

En savoir plus sur le programme EURAD

Focus sur le groupe de travail CORI

À mi-parcours du programme EURAD, le groupe de travail Cement-Organic-Radionuclide interactions (CORI) entrevoit ses premiers résultats. Son objectif ? Améliorer la compréhension du rôle des composés organiques dans un stockage de déchets radioactifs(*) et leur influence sur la migration des substances radioactives, dans un environnement à base de ciment. En effet, les matières organiques sont présentes dans certains déchets radioactifs ou utilisées en tant qu’adjuvants dans les matériaux cimentaires présents au sein du stockage. 

Quatre familles de matières organiques sont notamment étudiées : la cellulose, le PVC, les résines échangeuses d’ions et les adjuvants cimentaires. Les différents essais permettent d’observer leur processus de dégradation dans le temps et leur comportement. Les connaissances déjà acquises ou à venir viendront compléter l’ensemble des connaissances sur le comportement des déchets radioactifs.

(*) Les recherches portent sur l’après-fermeture des stockages géologiques, pour les déchets de moyenne activité à vie longue ; et des stockages en surface, pour les déchets de faible activité.

Une partie des participants au programme EURAD lors d'EURADWASTE’22 (Lyon, juin 2022).
Workshop d’évaluation à mi-parcours du programme EURAD durant EURADWASTE’22 (Lyon, juin 2022).
Évènement annuel n°2 du programme EURAD (IRSN, mars 2022)
Évènement annuel n°2 du programme EURAD (IRSN, mars 2022)