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Centre de stockage de la Manche : en direct d’une campagne de prélèvement des eaux

Quelle est la qualité des eaux sur le site du Centre de stockage de la Manche (CSM) et aux alentours ? Leurs propriétés physicochimiques sont-elles modifiées par les activités de l’Andra ? Pour répondre à ces questions, l’Andra et le laboratoire ASPECT mènent l’enquête. Reportage.

Toute l’année, l’Andra réalise des contrôles radiologiques sur les eaux souterraines, pluviales et de drainage du Centre de stockage. Elle contrôle et analyse également trois ruisseaux pouvant être impactés par les activités du centre : la Sainte-Hélène, le Grand Bel et les Roteures.

En plus de ces contrôles réguliers réalisés au sein du laboratoire de l’Andra, deux campagnes de prélèvements sont organisées chaque année pour suivre les paramètres physico-chimiques des eaux du centre afin d’en déterminer la qualité et de détecter d’éventuelles anomalies. Elles sont assurées par le laboratoire ASPECT Services Environnement, prestataire de l’Andra.

« Ces campagnes de prélèvements ont lieu deux fois dans l’année, en basses eaux et hautes eaux. En théorie en mars et septembre, même si cela dépend vraiment de la pluviométrie, explique Yannick Engrand, responsable du service prélèvements chez ASPECT Service Environnement. Tous les flacons d’eau collectés vont permettre d’analyser des paramètres physico-chimiques, comme les matières en suspension, la présence de cyanure, d’hydrocarbures, de métaux, de nitrites ou encore de phosphates. Les mesures réalisées au fil des années permettent de faire des comparaisons par rapport à l’état initial de référence, de voir s’il y a des évolutions, et, s’il y en a, d’en rechercher les causes. »

 

Étape 1 - Prélever l’eau dans 19 piézomètres

Le prélèvement d’eau s’effectue selon un protocole strict. 60 piézomètres sont répartis sur et autour du CSM. Les analyses s’effectuent sur 1/3 d’entre eux, comme l’exige la règlementation. « Nous commençons par prélever l’eau des 13 piézomètres (voir ci-dessous) qui se trouvent à l’intérieur du centre. Cela nous prend une demi-journée. Puis nous la prélevons sur 6 piézomètres répartis à l’extérieur du site », raconte Yannick Engrand, responsable du service prélèvements chez ASPECT Service Environnement, arrivé dès 8 h sur place.

Sur chaque piézomètre, Yannick Engrand, et sa collègue Camille Jacquemin, responsable hydrobiologie, récupèrent environ 8 litres d’eau à l’aide d’un préleveur statique. Huit litres qui vont leur servir à remplir les différents flacons prévus pour chaque analyse physico-chimique, mais aussi pour réaliser des mesures obligatoires in situ, à savoir le PH, la conductivité, la température, l’oxygène et le potentiel d’oxydoréduction.

« Nous récupérons aussi des volumes d’eaux résiduaires (eaux de pluie, eaux usées et eaux issues de procédés techniques eff ectués dans les installations) prélevées par les équipes de l’Andra pour les mettre en flacons et les transporter pour analyse », ajoute Yannick Engrand.

 

Qu’est-ce qu’un piézomètre ?

C’est un forage d’une trentaine de mètres de profondeur en moyenne – certains vont jusqu’à 50 m – qui permet de mesurer en un point donné, le niveau de la nappe d’eau souterraine et de réaliser des prélèvements.

Étape 2 - Flaconner et filtrer les eaux souterraines et résiduaires

Pour chaque piézomètre comme pour les eaux résiduaires collectées, les deux experts se chargent ensuite immédiatement de les flaconner. Il leur faut ainsi remplir 10 flacons différents lesquels serviront à analyser et détecter des éléments physico-chimiques différents, comme le chrome ou les nitrates.

Il est également nécessaire de filtrer l’eau avant de l’échantillonner. « Je filtre environ 1 litre par piézomètre avec un appareil dédié. De cette manière, on enlève toutes les particules qui pourraient gêner l’analyse et le résultat pour ne conserver qu’une fraction dissoute », précise Camille Jacquemin.

 

Étape 3 - Prélever et flaconner l’eau et les sédiments des ruisseaux

Une fois tous les prélèvements et flaconnages réalisés sur les piézomètres, les deux experts achèvent leur campagne de prélèvement par les ruisseaux. Sur chacun des quatre points déterminés des Roteures, de la Sainte-Hélène et du Grand Bel, ils récupèrent directement de l’eau dans les cours d’eau ainsi que des sédiments.

« Le prélèvement de sédiments va permettre de mieux détecter la potentielle présence de métaux et d’hydrocarbures dans les ruisseaux, explique Camille Jacquemin. Car lorsqu’on prélève l’eau à un instant T, on ne capte pas forcément leur présence alors que certains polluants et particules se fixent plus facilement sur le sable des ruisseaux, ainsi que sur la flore et la faune. »

 

À conserver à basse température !

Tous les échantillons effectués lors d’une campagne de prélèvements doivent être maintenus à une température inférieure à 8°C. « Pour ce faire, nous avons dans notre fourgon pas moins de 17 glacières avec des pains de glace carbonique qui permettent un maintien au froid prolongé. Ce qui est très important pour ne pas altérer les prélèvements », souligne Yannick Engrand.

Étape 4 - Analyser les prélèvements

Tous les échantillons prélevés dans l’environnement sont ensuite envoyés au laboratoire d’ASPECT Service Environnement, dans l’Est de la France. Il faudra un mois avant que les résultats ne soient transmis à l’Andra.

 

 

À savoir

La composition chimique des eaux souterraines est liée à la nature géologique du sol. Les eaux souterraines situées sous le site du CSM sont plutôt acides (pH compris entre 4,9 et 6,5).

En 2021, les deux campagnes de prélèvements et d’analyses physico-chimiques ont permis d’établir que l’état écologique des eaux des ruisseaux Sainte-Hélène, Le Grand Bel et les Roteures était de qualité « bon à moyen ». La présence de zinc ou de cuivre y est néanmoins détectée, mais elle ne résulte pas des activités du CSM. Et, aucun de ces éléments chimiques ne dépasse les valeurs limites fixées par la réglementation.

Retrouvez notre dossier complet - Les centres de l’Andra : quel impact sur l’environnement ?