Déchets radioactifs médicaux : une gestion sur mesure
Les actes de diagnostic et de thérapie effectués dans les services de médecine nucléaire génèrent des déchets radioactifs. Liquides, gants ou seringues ayant servi aux traitements, tout ce matériel contaminé doit être géré en toute sécurité. Au sein des établissements de santé, des protocoles clairs et stricts sont donc suivis selon la nature des déchets. Explications.
Parce qu’elles utilisent des radionucléides, une scintigraphie ou une radiothérapie occasionnent la production de déchets radioactifs. Ils peuvent être solides (gants, blouses, fioles, seringues…) ou liquides (ceux provenant des sanitaires utilisés parles patients traités par exemple).
Pour s’assurer de protéger l’homme et l’environnement d’une contamination, les déchets radioactifs doivent être gérés comme tels selon des règles fixées par la loi. Cette gestion dépend principalement du temps pendant lequel les substances qu’ils contiennent resteront radioactives (la radioactivité décroît avec le temps, c’est le phénomène de la « décroissance radioactive »).
Une gestion « en décroissance » pour les déchets de radioactivité courte
« Dans les applications de médecine nucléaire classiques, les radionucléides utilisés ont généralement des périodes de radioactivité très courtes, inférieures à 100 jours. On parle de déchets à vie très courte (VTC). Pour le technétium ou le fluor 18, on parle de quelques heures. L’iode 131, lui, a une période(*) de 8 jours. Dans ces cas-là, les déchets sont gérés en décroissance sur les sites médicaux où ils ont été produits avant d’être éliminés dans les filières de gestion conventionnelles », explique Christophe Dumas, responsable de la prise en charge des déchets des producteurs non électronucléaires à l’Andra.
Ainsi, les établissements autorisés à pratiquer la médecine nucléaire doivent disposer de locaux spécifiques pour entreposer les déchets solides jusqu’à ce que leur radioactivité ait suffisamment décru. Comme le notifie l’ASN : « Les déchets ne peuvent être évacués du lieu d’entreposage qu’après un délai supérieur ou égal à dix fois la période du radionucléide. En cas de présence de plusieurs radionucléides, la période la plus longue de ces radionucléides doit être retenue. »
« Pour les déchets liquides, c’est un peu différent, souligne Christophe Dumas. Souvent les établissements de santé utilisent des cuves spécifiques. Tous les liquides potentiellement radioactifs sont récupérés dans ces cuves pour être là encore gérés en décroissance mais la mesure utilisée n’est pas la même : la radioactivité doit ici être inférieure à 10 becquerels par litre avant d’éliminer les effluents contenus dans la cuve. »
L’Andra gère et stocke les autres déchets radioactifs
Les autres déchets, dont la radioactivité décroît plus lentement (au-delà de 100 jours), sont pris en charge par l’Andra.
Mais avant de les remettre à l’Andra, les établissements doivent conditionner ces déchets de manière très stricte : dans des bonbonnes de 30 litres agréées par l’Andra pour les liquides, dans des fûts en plastique PEHD de 120 litres pour les déchets solides incinérables, et dans des fûts métalliques de 120 litres, pour les déchets solides compactables et non compactables.
« Ensuite, une fois que nous les récupérons, les déchets dits incinérables sont envoyés dans une usine spécifique – Centraco – pour être brûlés avant que les résidus et filtres ne soient conditionnés puis stockés au Centre de stockage de l’Aube (CSA), précise Christophe Dumas. Les autres déchets, eux, sont envoyés au Centre industriel de regroupement, d’entreposage et de stockage (Cires) pour être regroupés avant d’être traités, conditionnés, puis, selon leur catégorie, soit stockés ou entreposés pour les déchets ne disposant pas encore de solution de stockage. »
De leur production à leur élimination ou stockage, les déchets radioactifs du secteur médical font donc l’objet d’un encadrement sur mesure, au même titre que les déchets produits par d’autres secteurs comme l’industrie non électronucléaire, la défense ou la recherche. « L’Andra assure une prise en charge spécifique et centralisée pour les producteurs de déchets autres que ceux du secteur de la production d’électricité nucléaire, du fait du petit volume de leurs déchets, de leur variété et leur répartition sur l’ensemble du territoire », souligne Christophe Dumas.
Précisons qu’en 2020, dans le contexte de la crise sanitaire, l’Andra a veillé à assurer une continuité de service pour la prise en charge des déchets issus du secteur médical.
(*)Pour rappel, la période (ou demi-vie) est le temps nécessaire pour que la moitié des atomes se désintègrent naturellement.
Un inventaire des déchets radioactifs médicaux
Les établissements de santé utilisant des radionucléides sont tenus de transmettre chaque année à l’Andra un inventaire des déchets radioactifs qu’ils détiennent. Les volumes et les localisations de ces déchets sont répertoriés dans l’Inventaire national des matières et déchets radioactifs publié par l’Andra.