Inauguration d’un dispositif expérimental sécheresse en forêt domaniale de Montiers-sur-Saulx
INRAE (Institut national de la recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement) a inauguré le 16 septembre un nouvel outil expérimental dans la forêt domaniale de Montiers-sur-Saulx qui va permettre de simuler et d’étudier les effets de la sécheresse sur la forêt.
Le dispositif expérimental « sécheresse » est le dernier né des dispositifs d’observation des cycles biogéochimiques et des flux d’échange de CO2, d’eau et d’énergie du site d’étude de la forêt de Montiers dont l’ambition est de décrire et comprendre le fonctionnement de l’écosystème forestier représentatif du plateau Meusien. Bien que ce projet scientifique de INRAE soit indépendant des activités de l’Andra, le site de cette installation situé à côté du site forestier de l’Observatoire Pérenne de l’Environnement (OPE) de l’Andra est le reflet de la dynamique scientifique qui se développe autour des sites de l’OPE.
Un dispositif expérimental unique
L’objectif de l’expérimentation « sécheresse » est d’évaluer l’adaptation de la forêt et la réaction des arbres, ici des hêtres principalement, au stress hydrique, en simulant une période de sécheresse de 2 mois et demi (de mi-mai à fin juillet).
Sur la période de mi-mai à fin juillet, un capteur de pluie déploiera automatiquement le toit de 400 m2. Cette fermeture se fera en quelques dizaines de secondes et s’ouvrira à nouveau après 2 minutes sans pluie, afin d’impacter la zone d’étude au minimum. Le défi technique principal a été d’insérer une structure métallique géométrique qui se déploie à travers les troncs d’arbres et d’assurer son étanchéité. Il était en effet encore plus complexe de construire un toit amovible au-dessus de la canopée à plus de 30 m de hauteur.
Depuis 2015, un prototype de toit d’une superficie de 75 m2 traversant 12 arbres a été testé. Après 5 ans de sécheresse forcée à 3 mois et demi par an sous ce dispositif test, 5 arbres sur 12 ont perdu leurs feuilles. L’analyse des feuilles fraiches, de la litière (feuilles mortes et débris végétaux) et de l’humus (couche supérieure du sol) pendant ces 5 ans a montré que cette sécheresse entraine une baisse de certains éléments nutritifs et le développement de carences sur les arbres. Des résultats similaires sont attendus pour le dispositif sécheresse récemment inauguré et ce dispositif permettra de mieux comprendre les mécanismes responsables de ces carences.
Un bénéfice réciproque entre les approches d'observation et d'expérimentation
Les études menées grâce à ce dispositif pourront profiter des données produites sur les sites expérimentaux mis en place depuis 2011 dans le cadre du partenariat Andra/INRAE et de l’Observatoire Pérenne de l’Environnement . En effet les protocoles d’observation et de mesure employés sont comparables pour les sites avec et sans toit. Les connaissances scientifiques ainsi produites par ces dispositifs complémentaires par exemple sur les mécanismes de contrôle de la transpiration, des flux de minéraux, de la microbiologie des sols et leurs influences sur la croissance des arbres alimenteront les réflexions sur la gestion à long terme des peuplements forestiers spécifiques de ce territoire face aux forçages anthropiques locaux ou globaux qu’ils soient climatiques ou industriels. Spécifiquement pour Cigéo il pourra contribuer à la gestion des éléments paysagés rideau d’arbre etc. et des parcelles de compensation forestières.
Comme toujours pour les milieux forestiers il faudra plusieurs années d’études avant de dresser un bilan des connaissances acquises sur ce site unique en France pour la qualité et la diversité des expérimentations et observations menées.