Panorama international
Tous les pays qui utilisent les propriétés de la radioactivité sont confrontés à cette même problématique : la gestion des déchets, dont certains resteront radioactifs pendant plusieurs milliers d'années.
À chacun son organisation
Bien que chaque pays s’oriente ou ait adopté la solution du stockage dans des installations sûres, les modes de gestion dépendent de plusieurs facteurs :
- La classification des différents types de déchets : Selon les pays, les déchets sont classés selon leur niveau d’activité (très faible, faible, moyen ou haut) et leur durée de vie (courte ou longue) ou encore selon leur capacité à dégager de la chaleur.
- Les méthodes de traitements : Selon que les déchets issus du combustible des centrales nucléaires sont recyclés ou pas.
- Le contexte géologique : argile, granite, sel, calcaire…
Stockage géologique des déchets les plus radioactifs
Le stockage géologique est reconnu à l’international comme la solution de référence pour gérer les déchets radioactifs les plus dangereux et à vie longue. Si tous les pays ne sont pas au même stade d’avancement, tous progressent et certains s’apprêtent à franchir des étapes importantes.
Stockage des déchets de faible et moyenne activité
Le stockage des déchets de faible et moyenne activité (FMA) est principalement envisagé en surface ou à faible profondeur. Quelques pays ont fait le choix de stocker ces déchets dans un stockage géologique.
AFRIQUE DU SUD
Situé à l'ouest du pays, l'Afrique du Sud dispose d'une installation de stockage en surface depuis 1986. Elle est destinée aux déchets de faible et moyenne activité, principalement issus de la centrale nucléaire de Koeberg.
ALLEMAGNE
Le stockage des déchets radioactifs de faible et moyenne activité dans l'ancienne mine de sel de Asse s’est arrêté en 1978. Le gouvernement a autorisé en 2009 leur stockage dans une ancienne mine de fer, sur le site de Konrad. Les premiers colis y seront stockés au plus tôt en 2027.
ARGENTINE
Jusqu'en 2001, les déchets radioactifs de faible activité était stockés sur une zone dédiée du centre de recherche atomique d'Ezeiza, à proximité du Buenos Aires. L'installation est aujourd'hui et l'Argentine mène des recherches pour sélectionner des sites potentiellement susceptibles d'accueillir les déchets de faible activité.
BELGIQUE
Un stockage en surface pour les déchets radioactifs de faible ou moyenne activité à vie courte est prévu sur le site de Dessel (province d'Anvers). Une mise en service est envisagée à l'horizon 2024.
BULGARIE
La construction d'une installation de stockage pour les déchets de faible et moyenne activité (FMA) a débuté en 2017 sur le site de Radiana, à proximité de la centrale nucléaire de Kozloduy (nord du pays).
BRÉSIL
À la suite de l'accident radiologique de Goiânia en 1987, un site de stockage de déchets radioactifs de faible et moyenne activité a été établi à Abadia de Goiás (centre du pays). Les deux installations sur les lieux sont aujourd'hui fermées et sous surveillance.
Par ailleurs, le Brésil envisage la construction d'une ou plusieurs d'installations de stockage en surface pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité (FMA) du pays. Le projet est actuellement au stade des pré-études.
CANADA
Le projet d'installation de gestion des déchets radioactifs près de la surface (IGDPS) à Chalk River, au nord-ouest d'Ottawa, a obtenu son autorisation de construction début 2024. L’IGDPS a pour objectif de stocker des déchets radioactifs de faible activité pour la plupart hérités des activités de recherche du site des laboratoires nucléaires de Chalk River. Environ 10 % du volume de déchets proviendront d’autres sites de recherche nucléaire, d’hôpitaux ou d’universités canadiennes.
CHINE
Trois centres de stockage en surface sont en fonctionnement pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité : depuis 2011 dans le Gansu et le Guangdong ; depuis 2016 dans le Sichuan. D'autres installations de stockage dédiés aux déchets de faible et moyenne activité sont prévus en Chine.
CORÉE DU SUD
Un centre de stockage, dont la première tranche est à faible profondeur (150 à 200 m), est en fonctionnement pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité. En août 2022, la Corée du sud a inauguré le lancement de la construction de la deuxième tranche en surface, sur le modèle du Centre de stockage de l'Aube de l'Andra.
Par ailleurs, sur le même site, une troisième tranche en surface pour les déchets radioactifs de très faible activité est en cours de conception.
CROATIE
La construction d'un centre de stockage de déchets de faible et moyenne activité (FMA) pourrait débuter en 2025 sur le site de Čerkezovac (à proximité de la frontière avec la Bosnie-Herzégovine). Il accueillerait une partie des déchets FMA de la centrale nucléaire de Krsko (détenue conjointement par la Slovénie et la Croatie), ainsi que les déchets issus des activités industrielles, médicales et de recherche. Le gouvernement croate envisage un début d'exploitation en 2026.
ESPAGNE
Depuis 1992, les déchets radioactifs de faible et moyenne activité sont stockés en surface sur le site d’El Cabril, en Andalousie.
Par ailleurs, l'Espagne a fait le choix de stocker ses déchets de très faible activité. En 2008, une zone supplémentaire sur le site d'El Cabril a ainsi été spécifiquement dédiée pour leur stockage.
ÉTATS-UNIS
Les déchets radioactifs de faible et moyenne activité sont stockés des plusieurs dizaines d'installations en surface.
Il existe un cas particulier : le Waste Isolation Pilot Plan (WIPP). Ouvert aux États-Unis en 1999, au Nouveau-Mexique, dans une formation géologique saline à 700 m de profondeur, c'est actuellement le seul centre en exploitation au monde à stocker une partie de ses déchets radioactifs de moyenne activité à vie longue en couche géologique profonde : les déchets transuraniens (contaminés par des éléments radioactifs de numéro atomique supérieur à celui de l’uranium). L’installation est toutefois réservée à ce type de déchets issus du programme militaire américain.
FINLANDE
Deux installations de stockage à faible profondeur sont en fonctionnement pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité : la première, à proximité de la centrale d’Olkiluoto, où les déchets sont stockés entre 60 et 100 mètres de profondeur ; la seconde, près de la centrale de Loviisa, où les déchets sont stockés à environ 110 mètres.
GÉORGIE
La Géorgie dispose d'une installation de stockage centralisée (CSF) située sur le site d'un ancien réacteur de recherche, près de la ville de Mtskheta (au nord de Tbilissi).
HONGRIE
La Hongrie dispose de deux sites complémentaires pour gérer les déchets de faible et moyenne activité. Ceux provenant de l'industrie, de la recherche ou de la médecine nucléaire sont pris en charge dans une installation de surface en service depuis 1976, à Püspökszilágy et Kisnémedi, au nord du pays. Les déchets issus de la production électronucléaire sont stockés depuis 2012 dans une installation 250 mètres de profondeur, à Bátaapáti (sud de Budapest).
INDE
Le stockage des déchets radioactifs de faible et moyenne activité se fait à faible profondeur, à proximité des centrales nucléaires, sous la responsabilité de l’électricien.
ITALIE
Une carte nationale des zones éligibles pour accueillir un stockage en surface de déchets radioactifs de faible et moyenne activité à vie courte a été proposée au Gouvernement début 2022. Au total, 67 sites potentiels ont été identifiés (dans le Piémont, la Toscane, le Latium, les Pouilles, la Basilicate, la Sardaigne et la Sicile).
JAPON
Le Japon dispose depuis 1992 d'une installation de stockage pour ses déchets de faible activité, sur le site de Rokkasho Mura, au nord de l’île d’Honshu. Le concept de cette installation est basé sur la construction d’alvéoles de stockage enterrées à quelques dizaines de mètres sous le niveau du sol et qui, une fois remplies, sont bétonnées et tapissées d’une couverture végétale.
LETTONIE
Depuis 1962, la Lettonie exploite une installation de stockage en surface pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité à Baldone, au sud de Riga.
LITUANIE
Les installations de stockage de déchets radioactifs de très faible, faible et de moyenne activité en fonctionnement sont situées à proximité de la centrale nucléaire d’Ignalina (est du pays), aujourd'hui en phase de démantèlement. Une toute nouvelle installation de stockage de déchets de faible et moyenne activité a reçu une autorisation d'exploitation en 2022.
MEXIQUE
Une installation de collecte, de traitement et de stockage des déchets radioactifs de faible activité est en exploitation depuis 1972 à Maquixco, au nord-est de Mexico.
NORVÈGE
Les déchets de faible et moyenne activité (FMA) sont stockés sur le site de KLDRA, en Himdalen (sud du pays). L'installation prend en charge les déchets FMA des réacteurs de recherche de Kjeller et Halden, aujourd'hui arrêtés, ainsi que ceux des secteurs de la Défense, de l'industrie, de la médecine ou d'autres instituts de recherche.
OUZBÉKISTAN
Depuis les années 60, les déchets radioactifs de faible et moyenne activité sont pris en charge dans un installation dédiée située au nord-est de Tachkent.
PAKISTAN
Deux projets d'installations de stockage en surface sont menés par la Commission pakistanaise de l'énergie atomique : depuis 2016, un projet de stockage de déchets de faible activité provenant des centrales nucléaires, au nord du pays ; depuis 2021, un projet de stockage de déchets de faible activité, au sud du pays. Les processus d'autorisation sont en cours.
POLOGNE
La Pologne dispose d'une installation de stockage de déchets radioactifs de faible et moyenne activité à Rozan, au nord de Varsovie. Située dans un ancien fort militaire, elle est en service depuis 1961.
ROUMANIE
Les déchets radioactifs de faible et moyenne activité (FMA) provenant de l'industrie, de la recherche et de la médecine sont stockés depuis 1985 dans une installation dédiée à Baita Bihor (ouest du pays), dans des galeries de l'ancienne mine d'uranium à plusieurs centaines de mètres de profondeur. Le gouvernement roumain prévoit de construire une seconde installation de stockage en surface pour les déchets FMA issus de la production électronucléaire. Sa mise en service est prévue en 2028.
ROYAUME-UNI
Depuis 1959, les déchets radioactifs de faible et moyenne activité à vie courte sont stockés en surface dans un centre dédié sur le site de Drigg, dans le Nord de l’Angleterre. Depuis 2015, le site de l'ancien centre de recherches nucléaires de Dounreay, en Ecosse, abrite également une installation de stockage pour les déchets de faible activité produits par le démantèlement des installations.
RUSSIE
Les déchets radioactifs de faible et moyenne activité sont gérés dans plus d'une dizaine d'installations de stockage.
SLOVAQUIE
Les déchets radioactifs de faible et moyenne activité sont stockés depuis 1999 à Mochovce, au centre-ouest du pays.
SLOVÉNIE
La construction d'une installation de stockage pour les déchets de faible et moyenne activité (FMA) a débuté en 2024 sur le site Vrbina, à proximité de la centrale nucléaire de Krsko (détenue conjointement par la Slovénie et la Croatie). Les déchets FMA issus des activités de la centrale, mais également de l'industrie, de la recherche et de la médecine seront stockés dans des silos. La construction devrait être achevée d'ici 2027 et sera suivie d'une phase d'essai avant la mise en service prévue pour 2028.
SUÈDE
Les déchets de faible et moyenne activité à vie courte sont stockés à 60 m de profondeur, dans le granite, sur le site de Forsmark. Une autorisation de construction d'une extension de l'installation, entre 120 et 160 m de profondeur, a été octroyée par l'autorité de sûreté suédoise- en novembre 2024.
SUISSE
La Suisse prévoit de stocker l'ensemble de ses déchets radioactifs en couche géologique profonde. En novembre 2024, la Nagra, homologue suisse de l'Andra, a déposé une demande d’autorisation générale. Après la procédure réglementaire, un référendum permettra d’entériner cette décision.
UKRAINE
Un dispositif organisationnel sur le modèle de celui de l’Andra se met progressivement en place pour les déchets de faible et moyenne activité. Les déchets de Tchernobyl sont confinés dans des alvéoles construites sur le site de l’usine accidentée.
*Malaisie/Ghana
La Malaisie et le Ghana mène un projet commun de stockage de sources radioactives scellées usées en puits, à plusieurs dizaines de mètres de profondeur. En Malaisie, les travaux préparatoires en vue de la construction de l'installation de forage sont en phase finale. Au Ghana, la procédure d'autorisation de création est cours.