Les enjeux essentiels des déchets radioactifs en débat-podcast sur Le Drenche
Alors qu'allait se clôturer le grand débat sur les déchets radioactifs, l'émission-débat « Drencher la poire en deux » du webmag Le Drenche (Ouest France) s'est attaquée fin septembre à la question de la gestion des déchets radioactifs les plus dangereux. Un sujet pas comme les autres pour Antoine Dujardin, animateur de l’émission.
L'ingénieur Jean-Marc Jancovici et le physicien nucléaire Bernard Laponche s'y sont exprimés : l’un favorable au stockage des déchets radioactifs les plus dangereux en grande profondeur, porté par le projet Cigéo ; l'autre très critique à son égard. Avec à la clef, un aperçu des enjeux essentiels du stockage des déchets radioactifs en couche géologique profonde. Antoine Dujardin nous a fait part du cheminement et du challenge à traiter d'un tel sujet pour un journaliste.
Votre concept d'émission en deux mots ?
Le Drenche a comme devise « Contre les idées reçues. Pour une opinion éclairée ». En faisant débattre des spécialistes, notre podcast « Drencher la poire en deux » aide l'auditeur à se faire une idée sur un sujet d'actualité. L’idée a minima est de découvrir et de mieux comprendre les avis de ceux qui ne pensent pas comme vous.
Pourquoi avoir décidé d'organiser un débat sur les déchets radioactifs ?
L'actualité, tout simplement. Le débat public sur le Plan national de gestion des matières et déchets radioactifs allait se terminer bientôt : c'était l'occasion de rebondir, avec des experts susceptibles d'éclairer le débat de leurs expertises techniques.
Les intervenants ne se sont pas parlé directement... Il y a d'abord eu une entrevue avec le « pour », puis avec le « contre ». Est-ce un parti pris ?
Habituellement, les personnes opposent leurs arguments en direct. Mais nous sommes dans un domaine spécifique, qui déchaîne les passions. Jean-Marc Jancovici et Bernard Laponche ont chacun des compétences techniques reconnues : il nous a paru judicieux de les laisser tour à tour exposer leurs arguments, posément, à leur rythme et sans interruption.
En quoi le nucléaire et en particulier les déchets radioactifs sont-ils d'après vous des sujets si spécifiques ?
Il y a peu de sujets de cette trempe. Le nucléaire déchaîne tant les passions que toute discussion « sereine » est impossible. En général, ce sont les domaines directement liés à l'humain qui suscitent de tels émois, comme la religion ou la bioéthique. Celui-là est plutôt technique, ce qui rend son caractère passionnel surprenant de prime abord.
Comment l'expliquez-vous ?
À la fois mystérieux et complexe, le nucléaire touche à des dimensions qu'on ne maîtrise pas. Il renvoie à des temporalités si longues, des dizaines voire des centaines de milliers d'années : nous sommes incapables de nous les représenter. Ce qui perturbe aussi, c'est l'imaginaire collectif, alimenté par ses grandes figures et faits historiques que sont Marie Curie, Hiroshima, Nagasaki, etc. Ce sujet nous fascine parce qu’il nous apparaît dangereux, mais sans qu'on maîtrise la réelle portée de ce danger. Il y a un côté invisible, insidieux, et cela occasionne beaucoup de fantasmes, largement véhiculés par les films, les séries, de façon plus ou moins réaliste.
Ce débat a donc été compliqué à organiser ?
Effectivement. Il nous a été difficile de trouver des spécialistes susceptibles d'apporter de l'eau au moulin des profanes en termes de faits. Nous nous refusons à toute approximation technique. Nous avons eu un invité atypique, Bernard Laponche, qui après avoir fait une partie de sa carrière dans le nucléaire a fini par rejoindre le camp « contre ». Cela nous a paru intéressant. De son côté, Jean-Marc Jancovici déploie un argumentaire très fourni. Dans la préparation du sujet, l’Andra a également été un de nos interlocuteurs. Notre seule condition, c’est la transparence.
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