Le projet Cigéo sous l’œil des Jeunes IHEDN
Le 10 juin dernier, l’association des Jeunes de l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) organisait une Web conférence intitulée « Cigéo, quelles responsabilités pour les générations futures ». Louis-Marie Zeller, responsable du comité Énergie & Environnement des Jeunes IHEDN nous livre ses impressions.
Pouvez-vous nous présenter l’IHEDN et l’association des jeunes IHEDN ?
Louis-Marie Zeller : l’Institut des hautes études de défense nationale (IHEDN) a pour mission de mettre en avant la culture de défense, la cohésion nationale, et de participer au développement d’une réflexion stratégique portant sur les enjeux de défense et de sécurité. L’Institut propose de nombreuses formations sur ces thématiques. Il s’agit d’un établissement public, à dimension interministérielle, placé sous la tutelle du Premier ministre.
L’association des Jeunes IHEDN (reconnue d’intérêt général) quant à elle est rattachée à l’IHEDN et est la première association européenne et générationnelle sur les questions d’engagement, de défense, et de sécurité. Elle est placée sous le double parrainage de la ministre des Armées et du chef d’état-major des Armées. Plateforme d’engagement et réservoir de réflexions, l’association offre, en France et à l’international, différents moyens de s’investir. L’association comporte 14 comités d’études géographiques et thématiques qui abordent les enjeux d’avenir qui animent notre pays (par exemple souveraineté, géopolitique, cybersécurité, risque et intelligence économique, ou encore énergies et environnement…).
Réuni autour d’une actualité brûlante, le comité Energies & Environnement de l’association propose aux jeunes auditeurs (étudiants ou jeunes actifs) d’évoquer les enjeux grandissants liés à ces deux thématiques. Ses acteurs s’échelonnent à tous les niveaux de notre société : administrations, entreprises innovantes, ONG et jusqu’aux citoyens. Travailler sur les domaines de l’énergie et l’environnement, c’est aller au-delà des lignes régionales et des frontières. Cette vision nous incite à mettre en place de multiples coopérations régulières avec les autres comités de l’association.
Le comité organise chaque année de nombreux événements sous différents formats que ce soit via des conférences, ateliers ou encore des articles. Dernièrement, le comité a par exemple publié une série d’articles sur la géopolitique de l’eau aux quatre coins du monde. Nous allons aussi à la rencontre de personnalités, en visitant des sites emblématiques, ou en réunissant les membres lors d’afterworks physiques ou à distance.
A qui s’adresse vos conférences et quelles thématiques traitez-vous habituellement ?
L.-M. Z. : Qu’il s’agisse d’évoquer la sécurité d’approvisionnement en matières premières, les conséquences du réchauffement climatique ou encore l’extraction des ressources : ces thématiques mêlent aussi bien notre quotidien que les enjeux stratégiques de la France. Ainsi nos évènements s’adressent bien entendu à nos membres (de 18 à 35 ans), mais également à toutes les personnes qui nous suivent sur notre newsletter ou sur les réseaux sociaux. C’est donc des dizaines de milliers de personnes (plus ou moins âgés) qui s’intéressent à nos travaux.
Pourquoi avoir choisi d’aborder le projet Cigéo ?
L.-M. Z. : Chaque année, le comité organise des visites et avant le premier confinement, des membres de l’association ont eu la chance de visiter le Laboratoire souterrain de l’Andra qui mène des recherches sur le projet Cigéo. Suite à cela, nous nous sommes dit que ce sujet méritait d’être présenté à notre communauté. C’est pour cette raison que nous avons convenu avec l’Andra d’interviewer le directeur du projet Cigéo, Monsieur Frédéric Launeau.
Le comité aime traiter des sujets énergétiques et l’énergie nucléaire à une place importante dans le mix électrique français et dans la propulsion de navires et sous-marins. Ces industries produisent des déchets radioactifs et nous voulions en apprendre davantage sur la gestion de ceux qui sont les plus problématiques.
Pourquoi faut-il selon vous informer les jeunes générations sur le projet Cigéo ?
L.-M. Z. : Que l’on soit pour ou contre le nucléaire, les déchets radioactifs existent et la génération actuelle et les suivantes vont devoir les gérer. L’idée de la conférence n’était pas de débattre de l’énergie nucléaire mais de comprendre comment la génération actuelle a mené une réflexion menant au stockage géologique profond et pourquoi cette solution semble être actuellement la meilleure pour les générations futures.
Que retenez-vous de cette web conférence ?
L.-M. Z. : Nous retenons qu’il s’agit d’un projet pour protéger sur le temps long puisque ces types de déchets peuvent rester radioactifs jusqu’à plusieurs centaines de milliers d’année pour certains. Il faut rappeler que la solution d’entreposage reste une solution provisoire.
Parmi les informations que nous avons notamment apprises durant cette conférence :
- l’Andra assure une mission de service public et ne stockera pas les déchets des pays voisins ;
- la France est l’un des trois pays qui pourraient démarrer le stockage géologique dans la prochaine décennie ;
- le volume des déchets stockés sera équivalent au stade de France.
Enfin, l’idée de réversibilité de stockage des colis est primordiale pour laisser le choix aux générations futures de la gestion des déchets. Peut-être qu’une technologie sera trouvée dans les année à venir.
Comment rendre l’avenir plus sûr pour les générations futures ?
L.-M. Z. : En présentant ce projet à davantage de personnes pour creuser la question et pour les rassurer sur l’expertise technique et la réflexion menée depuis des années. Enfin, le rôle de la mémoire doit rester prépondérant pour maintenir une protection des populations.