Stockage géologique : en Finlande, bientôt la mise en service ?
Comment gérer les déchets hautement radioactifs issus des centrales nucléaires à travers le monde ? Dès 1987, la Finlande a fait officiellement le choix d’un stockage définitif, dans une couche géologique profonde. En décembre dernier, l’entreprise Posiva, en charge du projet, a déposé auprès du gouvernement une demande d’autorisation d’exploitation de l’installation qui pourrait devenir la première de ce type au monde. Cap sur Olkiluoto, une île de la mer Baltique.
Un pays pionnier depuis 40 ans
Pour seulement 5,5 millions d’habitants, la Finlande compte 2 centrales avec 4 réacteurs qui produisent 30 % de l’électricité du pays, plus un EPR (réacteur pressurisé européen) qui vient d’être mis en service.
Pour stocker le combustible usé des centrales (les déchets de haute activité, les plus dangereux pour l’homme et l’environnement), une solution a été retenue :
le stockage définitif des déchets dans une couche géologique profonde. En 2016, les pouvoirs publics ont autorisé la construction d’une installation de ce type, et doivent désormais se prononcer sur l’autorisation d’exploitation.
Des déchets gérés par les producteurs
En Finlande, les déchets radioactifs sont gérés sur place par ceux qui les produisent : les deux exploitants privés, TVO et Fortum. Ils sont sous la responsabilité du ministère du Commerce et de l’Industrie finlandais et leurs activités surveillées par le STUK(1), l’autorité de sûreté finlandaise.
Posiva, une entreprise détenue par les deux exploitants, est tout spécialement chargée de la gestion du combustible nucléaire usé. Le stockage géologique « Onkalo », cousin du projet français Cigéo, est en cours de construction sur l’île d’Olkiluoto qui abrite déjà notamment trois réacteurs nucléaires.
(490 mètres pour Cigéo)
(capacité totale du stockage)
Le principe du stockage finlandais
Les étapes sont les suivantes :
- Le combustible usé séjournera d’abord en piscine de refroidissement puis sera descendu dans l’installation à plus de 400 mètres de profondeur(2).
- Il sera inséré dans des cylindres d’acier eux-mêmes recouverts de cylindres de cuivre.
- Ces « capsules » seront placées dans des tunnels (alvéoles de stockage) aménagés le long des galeries.
- Les alvéoles seront remplies de bentonite, une argile gonflante.
Acier, cuivre, argile, le tout dans une roche granitique vieille de deux milliards d’années, la combinaison de ces éléments vise à assurer une protection sur 100 000 ans(3).
C’est pour demain
En 2004, un laboratoire souterrain de recherche a d’abord été créé, ce qui a permis de mener des études sur la conception du stockage géologique. Ensuite, à partir de 2016, les travaux de construction de l’installation proprement dite ont pu débuter. D’ici cet été, 5 kilomètres de galeries seront creusées, chacune sur une longueur de 300 mètres.
Si l’exploitation est autorisée par les autorités, l’installation sera mise en service vers 2025. D’ici 100 ans environ, le site de stockage aura atteint sa pleine capacité, Posiva prévoit donc de le fermer vers 2125.
(1)L’équivalent de notre Autorité de sûreté nucléaire (ASN).
(2)Ce procédé, calqué sur le modèle suédois, ne prévoit pas de retraitement du combustible usé comme en France.
(3) Le temps pour que la radioactivité de ces déchets décroisse suffisamment et ne présente plus de risques.
Quid des autres déchets radioactifs ?
Deux installations de stockage à faible profondeur sont en fonctionnement en Finlande pour les déchets radioactifs de faible et moyenne activité : la première, à proximité de la centrale d’Olkiluoto, où les déchets sont stockés entre 60 et 100 mètres de profondeur ; la seconde, près de la centrale de Loviisa, où les déchets sont stockés à environ 110 mètres.
Dans le futur, les déchets radioactifs de démantèlement des réacteurs situés à Olkiluoto seront également pris en charge sur l’installation de stockage à proximité de la centrale.