Des scénarios prospectifs
Pour éclairer la politique publique, l’Inventaire national présente tous les 5 ans des inventaires prévisionnels détaillés des matières et déchets selon quatre scénarios prospectifs.
Ces scénarios sont issus de la programmation pluriannuelle de l’énergie en vigueur (PPE2 2019-2028) et sont également ceux repris dans le PNGMDR. L’objectif fixé par cette PPE est celui d’une diminution de la production nucléaire pour qu’elle ne représente en 2035 que 50 % du mix énergétique.
Les quatre scénarios de l’Inventaire 2023 sont les suivants, à partir de 2040 :
- S1 : Un renouvellement du parc électronucléaire avec des EPR puis, à partir de 2090, des réacteurs à neutrons rapides (multirecyclage de tous les combustibles usés).
- S2 : Un renouvellement du parc uniquement par des EPR (avec un retraitement des combustibles usés par monorecyclage).
- S3 : Un renouvellement du parc uniquement par des EPR mais avec un arrêt du retraitement.
- S4 : Un non-renouvellement du parc, aucun retraitement.
La stratégie de retraitement conditionne les volumes de déchets radioactifs. Alors que le multirecyclage valorise toutes les matières radioactives, le monorecyclage – actuellement mis en œuvre en France – ne permet le retraitement que des combustibles usés à base d’uranium naturel (UNE). Enfin, l’arrêt de retraitement impliquerait de requalifier en déchets l’ensemble des combustibles usés, ainsi que l’uranium appauvri.
« Quel que soit le scénario, l’Andra doit être en mesure de s’y adapter », insiste Philippe Loreaux, responsable de l’Inventaire national à l’Andra. Ainsi un « Inventaire de réserve », aux côtés d’un « Inventaire de référence », a été élaboré pour s’assurer que Cigéo a la capacité de stocker l’ensemble des déchets à vie longue en cas d’arrêt total du retraitement.
En sus des quatre scénarios issus de la PPE, l’Inventaire 2023 examine également l’impact sur les filières de stockage du déploiement de six nouveaux réacteurs EPR2, à la demande du gouvernement (voir graphique ci-dessous). L’Inventaire examine aussi les volumes de déchets supplémentaires que représenterait un allongement de la durée de vie de réacteur du parc actuel jusqu’à soixante ans.