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La mémoire, un enjeu majeur

La phase de fermeture implique une autre responsabilité : la conservation et la transmission de la mémoire. Un enjeu qui mobilise diverses compétences internes à l’Andra et de nombreux autres acteurs.

Informer tous les publics

Conception et exploitation du centre, nature et localisation des déchets stockés, risques liés à son existence… sont autant d’informations essentielles à transmettre aux générations futures. L’équipe du CSM fournit régulièrement des éléments (mesures, données sur l’état du stockage et de la membrane) qui alimentent les archives du centre. Imprimées sur du papier permanent et conservées en deux exemplaires (sur le site et aux Archives nationales), ces dernières représentent plus de 11 000 documents rassemblés depuis la création du CSM. Elles forment ce que l’on appelle le « dossier détaillé de mémoire ».

 

Le dossier synthétique de mémoire, un travail à plusieurs mains

Un dossier plus synthétique a également été élaboré pour informer le grand public. Il comprend notamment un condensé d’une page, appelé « ultra-synthèse ». Élaboré en lien avec les riverains volontaires du groupe «mémoire » (cf. encadré), « son objectif est de délivrer sur une page A4 recto verso l’information essentielle à la compréhension du Centre, tout en restant suffisamment accessible pour être facilement lu par le grand public, et ce, le plus longtemps possible », explique Sophie Loisy, archiviste à l’Andra.
Des universitaires du centre de recherche sémiotique de Limoges (CeRes) sont également intervenus pour optimiser l’écriture et la mise en pages du document. « Informer sur un sujet sensible comme les déchets radioactifs n’est pas si simple, explique Isabelle Klock-Fontanille, professeur à l’université de Limoges. L’information doit être extrêmement claire, sans ambiguïté, sans jugements de valeurs, sans cacher quoi que ce soit. »

Enfin, le « dossier d’informations clés » (ou Key information file) a été quant à lui élaboré dans le cadre du groupe de travail international de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN)* avec pour objectif un modèle type de document commun à tous les pays. Il prévoit ainsi une présentation très succincte d’autres sites de stockage en France et dans le monde. « De cette façon, on crée un réseau et ce faisant, on renforce la mémoire », explique Jean-Noël Dumont, responsable du programme mémoire de l’Andra.

L’ensemble de ces documents constitue un dispositif documentaire conçu comme un véritable parcours initiatique à travers l’histoire et le fonctionnement du centre.

 

« Le dossier détaillé est tourné vers les futurs exploitants afin qu'ils puissent continuer le travail de surveillance et trouver les réponses à leurs questions. Mais transmettre la mémoire du centre commence dès aujourd'hui. »

Catherine Dressayre, ingénieure sûreté et mémoire au CSM

Des pistes de recherche innovantes

Mais l’Andra ne s’arrête pas là et explore bien d’autres pistes pour transmettre la mémoire du centre et sensibiliser les plus jeunes à cette question : la sémiotique (étude des signes), l’art par le biais d’appels à projets, le théâtre ou le cinéma… autant de modalités qui sont une façon d’ouvrir la réflexion à d’autres champs d’exploration que la recherche purement scientifique. Depuis 2015, un herbier est réalisé à partir de plantes prélevées sur la couverture du centre par des botanistes de la Société des sciences naturelles et mathématiques de Cherbourg-Octeville. « Les données, versées sur la base informatique du Muséum d’histoire naturelle de Paris, seront accessibles mondialement », souligne Francis Renouf, botaniste. Cet herbier permettra également, grâce à des extractions d’ADN, de comparer l’évolution des plantes récoltées sur le site avec celle des espèces régionales et d’étudier les variations du climat. Cet herbier sera accompagné par l’ultra-synthèse et conservé à trois endroits : à la Société des sciences, au Muséum d’histoire naturelle de Paris et au CSM.

 

(*) L’AEN est une agence spécialisée de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).

 

 

Un groupe de travail dédié

Créé en 2012, le groupe « mémoire » regroupe des industriels, des élus des villages voisins, d’anciens salariés de l’Andra, des riverains. Jean-Pierre Dufrenoy, habitant de Cherbourg-Octeville et retraité du site Orano de La Hague, est l’un de ses membres. « J’ai souhaité participer à cette réflexion citoyenne en mettant à profit ma connaissance du domaine. Avec un membre du groupe, j’ai collecté et numérisé tous les articles sur le centre parus dans la presse de la Manche en 24 ans, 500 articles au total. Il est important que les générations futures sachent quel regard leurs prédécesseurs portaient sur le centre, quelle connaissance ils avaient du sujet. »