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R&D : l'entreposage complémentaire au stockage

Après quinze années de recherches sur l’entreposage de longue durée et sur le stockage géologique, la loi de 2006 a entériné le stockage souterrain réversible comme solution de référence pour les déchets les plus radioactifs. L’Autorité de sûreté nucléaire estimait en effet que “l’entreposage de longue durée ne constitue pas une solution définitive car il suppose le maintien d’un contrôle de la part de la société et leur reprise par les générations futures, ce qui semble difficile à garantir sur des périodes de plusieurs centaines d’années”. Depuis, sous la coordination de l’Andra, la R&D est orientée vers un entreposage complémentaire au stockage.

Piscine d'entreposage des combustibles usés à l'usine de retraitement des combustibles usés d'Areva à La Hague
©Areva

À l’issue du débat public de 2005/2006 et sur la base de l’avis de l’Autorité de sûreté nucléaire(1), les ministères en charge de l’industrie et de l’environnement ont conclu(2) que “le stockage souterrain réversible est donc considéré comme la solution de référence, l’entreposage étant ici utilisé pour apporter toute la flexibilité nécessaire et mettre en œuvre de façon progressive et contrôlée cette solution”.

 

Confiée à l’Andra, la R&D sur l’entreposage s’articule désormais autour de trois axes :

  • Augmenter la durée de vie des entrepôts de cinquante à une centaine d’années. L’Andra a lancé des programmes d’études sur les matériaux utilisés dans les entrepôts (béton et acier) et sur les conditions d’entreposage. Par exemple une atmosphère sèche est plus favorable à la longévité des installations (vis-à-vis de la corrosion des aciers). L’Andra souhaite suivre l’évolution des installations. Comme pour le stockage, des capteurs pourront ainsi être placés dans la structure des entrepôts. Une première coopération s’est déroulée avec Areva en vue d’une plus grande durabilité de l’extension de l’entrepôt de déchets de haute activité à La Hague ;
  • Permettre l’entreposage de différents types de colis dans un même entrepôt. Souvent, les entrepôts sont conçus pour accueillir un type de colis de déchets. Afin d’augmenter leur polyvalence, les futurs entrepôts pourraient accueillir différents types de colis de déchets, voire même des colis retirés du stockage dans le cadre de la réversibilité. Cela consisterait par exemple à placer les colis de déchets et/ou les colis de stockage dans des “paniers”, conçus pour être polyvalents, eux-mêmes placés dans des puits standards.
  • Disposer d’entrepôts plus modulaires pourrait permettre d’anticiper, par exemple, les besoins liés à la réversibilité. Il s’agit d’intégrer dès la conception des nouvelles installations la possibilité d’étendre leur capacité.

 

(1)www.asn.fr/index.php/S-informer/Actualites/2006/L-ASN-prendposition-sur-la-gestion-desdechets-radioactifs
(2)http://cpdp.debatpublic.fr/cpdp-dechets-radioacctifs/

 

 

 

2 questions à... Robert Fernbach (Clis)

Robert Fernbach, vice-président du Comité local d’information et de suivi (Clis) du Laboratoire souterrain de l’Andra

Le Journal de l’Andra : Pourquoi le public semble-t-il plus favorable à l’entreposage provisoire des déchets qu’à leur stockage ?

Robert Fernbach : Car ils voient dans cette solution la possibilité de revenir plus facilement en arrière, dans l’hypothèse où les générations futures trouveraient une autre manière de traiter et gérer les déchets radioactifs. Malgré la période de réversibilité du stockage géologique, qui sera fixée par une prochaine loi, cela semble beaucoup plus compliqué d’aller rechercher des colis de déchets à 500 m de profondeur que dans un entrepôt.

 

JdA : Actuellement, pourquoi est-il beaucoup question de l’entreposage en surface des déchets radioactifs sur le site de Cigéo ?

R.B. : L’Andra annonce que, comme pour toute autre activité industrielle, des capacités d’entreposage tampon sont nécessaires à l’exploitation du centre de stockage. Néanmoins, beaucoup de questions portent sur la durée d’entreposage de ces déchets radioactifs, le volume entreposé et le processus de leur mise en stockage. Il y a aussi des confusions entre cet entreposage tampon et les entreposages de décroissance thermique qui, eux, sont sur les sites des producteurs. Il est donc important que le Clis dispose des connaissances et des informations lui permettant de remplir sa mission d’information auprès des populations locales.